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Entreprise du patrimoine vivant

Atelier Patrice Bricout : «Désormais, il faut savoir tout faire»

Depuis 1986, Patrice Bricout rénove des meubles et objets d'art depuis son atelier de Marcq-en-Barœul. Son savoir-faire est désormais reconnu dans tout le pays. Rencontre avec l'artisan d'art et son épouse, Claire Bricout.


L'atelier Patrice Bricout a ouvert ses portes en 1986. © Lena Heleta
L'atelier Patrice Bricout a ouvert ses portes en 1986. © Lena Heleta

C'est un endroit où se côtoient pêle-mêle un bureau Louis XVI, une table en formica tout droit venue du mobilier national, un secrétaire Napoléon III et une chaise Philippe Starck… Bienvenue à l'atelier Patrice Bricout, qui depuis 1986 opère dans la restauration et conservation de meubles, sièges et objets d'art. Une société labellisée EPV en 2007- et la seule ébénisterie à l'être dans tous les Hauts-de-France.

À sa tête, Patrice et Claire Bricout. Le premier est restaurateur, la seconde pilote le commercial, l'administratif et la communication. Lui, qui «ne vient pas du tout d'une famille d'artisans», s'est formé à l'ébénisterie Saint-Luc à Tournai avant d'apprendre la restauration à la prestigieuse École du Louvre à Paris. Elle, ancienne publicitaire, a rejoint l'atelier en 2000, pour partager avec son mari cette «passion» de la restauration d'art.

«J'ai loué un local, j'ai acheté quelques outils et j'ai fondé ma boîte»

À 19 ans, Patrice Bricout part à New York et trouve son premier job chez Greenbaum Interiors, après «quelques stages à droite à gauche. Ils étaient difficiles à trouver dans les métiers d'art». Mais choisit finalement la France. «J'ai loué un local à Villeneuve d'Ascq, j'ai acheté quelques outils et j'ai fondé ma propre boîte», relate humblement celui qui, désormais implanté à Marcq-en-Barœul, est aujourd'hui appelé des quatre coins de la France et de Belgique pour des chantiers. «L'activité fonctionne bien. On a beaucoup de travail. De beaux chantiers. Des personnes nous appellent par exemple de Marseille. C'est grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille», explique le restaurateur qui, en bientôt 40 ans, a su se forger une belle notoriété. «On aime bien, bien faire les choses», concédera-t-il.

Depuis 2007, l'atelier en est au troisième renouvellement de son label EPV. © Lena Heleta

Musées, mobilier national, Drac - ville de Lille - On lui doit, ainsi qu'à son unique salarié, la restauration du mobilier de la salle des mariages de la mairie -, mais aussi celui de la préfecture ou encore de l'Evêché, et, actuellement, la cathédrale de Cambrai. L'atelier compte également parmi ses clients «des particuliers, des collectionneurs, des passionnés», explique Claire Bricout.

«Ce qui m'anime le plus, ce sont les choses nouvelles»

«Ce qui m'anime le plus, ce sont les choses nouvelles», poursuit son époux. «Répondre à des demandes difficiles, que je ne sais pas faire. Au niveau des matières, des techniques. On ne travaille pas que le bois. Là par exemple, vous avez du Formica d'un designer, issu du mobilier national, et qui va servir aux Journées du Patrimoine. On commence à restaurer cela alors qu'il y a quelques années encore, on le mettait à la poubelle !», sourit-il. Pour résumer, «on travaille tout : la nacre, l'écaille, le galuchat, bois, le laiton, le fer, le bronze, l'or, l'argent, le cuivre, le marbre, le cuir et même les serrures… Toutes ces matières qui entrent dans la fabrication d'un meuble».

Au fil du temps, l'artisan d'art a vu son métier évoluer. «Avant on changeait, maintenant on conserve. On évite que cela ne se dégrade. On arrête la dégradation du temps. Conserver, c'est dans un esprit de transmission. Transmission aux restaurateurs suivants, mais aussi transmission des meubles au sein des familles». Et puis il y a cette notion de réversibilité. «Tout doit être réversible. La personne qui intervient ensuite doit pouvoir restaurer». Sans oublier que si auparavant existait un spécialiste pour chaque étape - ébéniste, menuisier, scieur de marqueterie, vernisseur, bronzier, ciseleur, doreur, serrurier, marbrier, gainier, cuivrier, lustrier, etc. -, «désormais, il faut savoir tout faire», constate Patrice Bricout.

L'atelier est spécialisé dans la restauration de meubles anciens. © Lena Heleta

Entreprises du patrimoine vivant : «une famille»

Depuis 2007, l'atelier en est au troisième renouvellement de son label Entreprise du patrimoine vivant (EPV). Ce que cela lui a apporté ? «Au début, cela nous a bien aidés pour travailler avec des administrations. C'est un label de confiance très connu, plus encore à l'étranger d'ailleurs. Il est difficile à avoir, surtout pour des petites structures comme les nôtres». Au-delà de cela, la démarche permet de «poser tout ce que vous faites, comment vous le faites, tout ce que vous utilisez, avec quelles méthodes. Tout de A à Z. Ce qui déclenche une remise en question, car on n'a jamais le temps de se poser ces questions là.» L'atelier, qui a participé à la fondation de l'association EPV Hauts-de-France, essaie toujours de collaborer avec des partenaires EPV. «C'est une famille», explique Claire Bricout. 

Et si vous demandez au couple s'ils sont eux-mêmes chineurs ou collectionneurs, ils vous répondront, complices : «Un petit peu. Un petit peu beaucoup».

L'atelier Patrice Bricout, à Marcq-en-Baroeul. © Lena Heleta