«Avec l’Audito 2.0, nous gardons l’émotion du direct»

La Gazette : De quelle manière est né ce projet ?
François Bou : Le projet remonte à plus de cinq ans, lorsque nous avons investi dans le studio numérique. J’ai pensé que ça pouvait être stratégiquement intéressant de faire cet investissement. C’est un investissement assez lourd – près de 400 000 euros –, pour lequel nous avons eu des partenaires publics et privés. Je pensais que c’était un axe de développement important pour l’activité de l’Orchestre – le 2.0, l’enregistrement de disques, la télévision, la captation –, mais aussi un autre aspect non négligeable : la spatialisation du son dans la salle, et moi j’aime beaucoup les œuvres spatialisées.

C’était une étape nécessaire pour donner aussi l’image d’un orchestre plus connecté…
A partir du moment où nous avons fait cet investissement, cela nous a permis de développer à la fois la diffusion en salle et les ciné-concerts, mais de travailler aussi sur une politique audiovisuelle plus ambitieuse grâce à des captations. Cela a actualisé effectivement l’image de l’Orchestre, et ça l’a rendu plus attractif, ce qui fait que des chaînes thématiques ont trouvé intéressant de travailler avec nous. Cette image d’orchestre connecté, comme vous dites, équipé et ouvert sur l’extérieur, a facilité de nouveaux partenariats.

Cet investissement a également débouché sur plus d’autonomie…
En effet, et la chaîne YouTube est arrivée dans ce contexte. Mais les confinements et les conditions actuelles, comme nous ne pouvons pas ouvrir notre salle physique, ont permis de donner un coup d’accélérateur. Ce coup d’accélérateur, c’est l’Audito 2.0. Nous sommes passés d’une activité audiovisuelle ponctuelle à l’ouverture d’une seconde salle, mais celle-là entièrement virtuelle. Je précise que cette salle a tout d’une grande : elle a bien sûr les concerts captés et tout ce qu’il y a autour des concerts, les interviews de chefs et d’autres petites vidéos pour accompagner les concerts.

Comment avez-vous vécu l’arrivée de cette seconde salle ?
Il fallait que l’on soit présent auprès de notre public et de nos partenaires. Il fallait que les musiciens puissent travailler et que l’on continue à assurer l’emploi des solistes, des chefs et des musiciens intermittents qui complètent parfois nos effectifs : trois points importants ! Puis il fallait exister, car lorsque vous n’existez plus, à quoi cela sert-il d’avoir un orchestre ? Je précise quand même que cette crise n’est qu’un accélérateur des tendances stratégiques que nous avions développées. Cette salle, nous n’allons pas l’abandonner une fois passée la crise. Elle nous permettra ensuite une diffusion plus large, mais différente. C’est vraiment une expérience complémentaire qui, je l’espère, donnera à certains l’envie de nous rejoindre.

Avez-vous dû adapter le programme pour pouvoir le diffuser sur Audito 2.0 ?
En fait, nous n’adaptons pas nos concerts, nous les tournons ! Même s’il y a parfois des imperfections, nous gardons l’émotion du direct. Il n’y a pas de montage sophistiqué. Nous avions déjà adapté ce format dans le cadre des premières mesures sanitaires, quand le public avait été autorisé à revenir. C’est-à-dire des concerts d’une heure environ, sans pause, pour éviter les croisements de spectateurs. Il se trouve que ces formats courts plaisent à un certain public. Donc, certains formats, dès les saisons prochaines, seront des formats de 60 minutes sans pause, et nous allons garder notre salle virtuelle. Ce n’est pas un hôpital de campagne mais vraiment une salle à part entière que nous construisons.

Prochains concerts les samedi 28 novembre à 20h et 5 décembre à 20h. www.youtube.com/orchestrenationaldelille