BD de la semaine
The Nobody
Variation sur le personnage de L’Homme Invisible créé par H.G. Wells, The Nobody aborde la relation entre une jeune adolescente et un mystérieux étranger. Le récit s’ouvre au cœur de la petite et paisible ville de Large Mouth… jusqu’à l’arrivée de Griffen, un étranger recouvert de bandages de la tête aux pieds. Poussée par la curiosité, une jeune fille nommée Vickie découvre l’histoire tragique de cet homme et de l’étrange accident qui l’aurait défiguré. Mais ces bandages ne cachent-ils que des cicatrices ? Il suffit d’une disparition pour que la population se retourne contre Griffen, pour qu’il soit traqué, qu’on menace de le démasquer et de dévoiler tous ses secrets… Dans cette œuvre de jeunesse publiée en 2009, Jeff Lemire distille déjà nombre de thèmes qui traverseront une œuvre pleine de vie et d’authenticité, interrogeant nos propres certitudes sur l’existence. L’auteur revisite avec intelligence et finesse le mythe de l’Homme invisible mais enrichit son récit avec un aspect plus dramatique ; il en fait un prisme, un révélateur de l’identité, des peurs et de la paranoïa pouvant détruire une petite communauté.
Futuropolis.
Cette BD jubilatoire se déroule dans le Grand sud de l’Amérique latine, le territoire des gauchos. Une terre aride et sauvage, coupée du monde, peuplée d’hommes rustres au sang chaud, portés sur l’alcool et la gâchette. Le taciturne Montoya tient un bar où les pires canailles du coin viennent régler leurs différends ou parler de leurs déboires. Un bar où on n’est pas vraiment regardant sur le mobilier et où les bouteilles de grappa se descendent aussi rapidement qu’elles se brisent sur les cranes. Depuis le temps qu’il est derrière le comptoir, Montoya a vu des choses, des gens qui ne sont plus là pour en témoigner, et il a encore plus à raconter… Le scénariste uruguayen Rodolfo Santullo et le dessinateur argentin Leandro Fernandez nous plongent dans l’univers sans pitié de ces cowboys de la terre de feu à travers une série d’histoires courtes à la violence graphique proche des westerns signés Quentin Tarantino. Des «brèves de comptoir» à l’humour acide à savourer avec une tasse de Maté !
Glénat.
Intitulé De Mars à Paris, le cinquième volet de cette BD dystopique s’ouvre en 1873, sur la planète Mars, alors que les Prussiens chassent les Martiaux, les réduisent en esclavage quand ils ne les tuent pas. Séraphin sait désormais que ce n’est pas sur Mars qu’il retrouvera son père, le professeur Dulac. Accompagné de ses amis, il escorte la princesse martienne et les siens à travers les hauts plateaux, dans l’espoir de trouver refuge au-delà des terres interdites du pôle de Mars… Cependant les aigles de Bismarck menacent. Combien de temps seront-ils à l’abri ? Séraphin et ses compagnons décident alors de retourner sur le Terre afin de solliciter l’aide de Napoléon III pour libérer Mars du joug de la Prusse… Cette suite des aventures extraordinaires de Séraphin et de ses amis à bord de l’Ethernef s’inscrit plus encore dans la veine romanesque et fantastique chère au dessinateur et scénariste Alex Alice. Comme pour les précédents tomes, celui-ci scinde son album en trois chapitres, maîtrisant à la perfection le récit et son découpage, tandis que ses couleurs aquarelles, à la fois douces et dynamiques, participent à la réussite de cet ouvrage dont la fin augure de prochains rebondissements.
Rue de Sèvres.