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Implantée à Oye-Plage, près de Calais

Chicorée du Nord, 90 ans d’histoire et un avenir incertain

En juillet 2023, Chicorée du Nord a été labellisée «Entreprise du Patrimoine Vivant». Plongeons au cœur de cette institution, basée à Oye-Plage, et qui vient de fêter ses 90 ans.

Stéphane Catrice, co-dirigeant de Chicorée du Nord, au milieu des rosettes prêtes à être torréfiées. © L.Péron
Stéphane Catrice, co-dirigeant de Chicorée du Nord, au milieu des rosettes prêtes à être torréfiées. © L.Péron

Pénétrer dans les locaux de Chicorée du Nord à Oye-Plage, c’est pénétrer dans des lieux chargés d’histoire. «Nous venons de fêter les 90 ans de notre entreprise artisanale et familiale de torréfaction de chicorée. C’est Paul Lutun, qui a créé la société en 1934», introduit Stéphane Catrice, qui aujourd’hui, co-dirige l’entité aux côtés d’Agnès Lutun, la quatrième génération. «Si à l’époque, la concurrence était rude, aujourd’hui, il ne reste plus que deux torréfacteurs en Hauts-de-France», précise Stéphane Catrice.

En 2024, Chicorée du Nord, c’est 10 salariés et 1 500 tonnes torréfiés par an. «Dont 70% qui partent à l’export, en sac de 20 kilos et en bigbag, vers les Etats-Unis, l’Australie et l’Europe», poursuit Stéphane Catrice. Sur le marché français, Chicorée du Nord vend ses produits sous la marque Lutun. «Nous avons une gamme bio, qui représente 25 % de notre chiffre d’affaires, dans laquelle 100% de la chicorée est cultivée, séchée et torréfiée dans les Hauts-de-France. Et une gamme conventionnelle, qui contient 95% de chicorée provenant des Hauts-de-France et les 5% restants sont acheminés de Belgique», détaille l’entrepreneur.

Chicorée du Nord a été fondée en 1934. Depuis, sa gamme de produits s’est élargie. © L.Péron

Une pluie de distinctions

La quatrième génération fait bouger les lignes. L’entreprise a reçu de nombreuses distinctions. «En juin 2022, nous avons reçu le label PME +, qui vient mettre en avant les entreprises indépendantes françaises, fournisseurs de la distribution, ayant des pratiques éthiques et responsables», lance Stéphane Catrice. Et en juillet 2023, Chicorée du Nord s’est vu décerner de la part du ministère de l’Économie, le label "Entreprise du Patrimoine Vivant" (EPV), qui met en lumière des sociétés uniques qui savent concilier l’innovation et la tradition, le savoir-faire et la création, le patrimoine et l’avenir, le local et l’international. «Nous sommes labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant pour cinq ans. Ça nous ouvre les portes d’un plus large réseau», ajoute le co-dirigeant. Chicorée du Nord a également reçu la médaille de l’Assemblée nationale.

Il faut dire que Stéphane Catrice et sa femme Agnès Lutun, ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ils sont sans cesse à la recherche de nouvelles innovations. «Si nous voulons que notre produit continue d’être consommé, il faut que nous touchions une plus large clientèle et que la chicorée soit une boisson incontournable, à différentes heures de la journée», assure Stéphane Catrice. C’est pourquoi, les dirigeants ont développé des infusions à la chicorée et des capsules de chicorée pouvant s’insérer dans toute sorte de machines à café. «Bien évidemment, nos capsules sont compostables. C’est en phase avec nos valeurs.»

En juillet 2023, Chicorée du Nord s’est vu décerner de la part du ministère de l’Économie, le label Entreprise du Patrimoine Vivant. © L.Péron

Des inquiétudes quant à l’avenir de la filière

Même si les distinctions pleuvent, Stéphane Catrice est inquiet. «Suite à des décisions européennes, en septembre prochain, le Bonalan et le Safari, deux herbicides, seront interdits à la vente. Ce sera ensuite le tour du Movento, un insecticide, en novembre 2025. Ces trois molécules sont essentielles au désherbage des champs de chicorée et dans la lutte contre linvasion de pucerons», assure le co-dirigeant, qui a peur que sans ces produits, les rendements soient à la baisse et que les agriculteurs décident de se tourner vers d’autres cultures. «Je suis pour l’arrêt de ces produits s’ils sont dangereux pour la planète et la santé, mais pas sans solution alternative», lance Stéphane Catrice. Des premiers essais alternatifs sont en cours à la station d’expérimentation de l’APEF à Arras. Mais pour le moment, les résultats ne sont pas concluants. «Il faut que nous trouvions des solutions, et vite» conclut-il.