Premier hub régional de transport fluvial
Contargo North France en rythme de croisière
L'entreprise de transport bimodal de conteneurs, filiale du groupe allemand Rhenus, conforte sa position de premier port fluvial pour les conteneurs maritimes dans les Hauts-de-France. Rencontre avec Gilbert Bredel, président de Contargo North France.
13 minutes par conteneur, 150 conteneurs par jour, soit 50 000 par an... chez Contargo North France, on est à flux tendu 24 heures sur 24 et 6 jours sur 7. L'entreprise de transport bimodal (navires et camions) et bientôt trimodal (ferroviaire), implantée sur le port de Saint-Saulve/Bruay-sur-l'Escaut (le terminal est à la frontière de ces deux communes voisines de Valenciennes) conforte sa position de hub régional pour le transport fluvial des conteneurs et demeure l'un des trois principaux terminaux de France exploités par un opérateur 100% privé.
Sur ses sept grandes péniches - des barges de 110 mètres de long -, elle achemine direction Anvers et Rotterdam des produits issus de l'industrie automobile d'Onnaing (Toyota) et Hordain (Stellantis) et travaille également avec les secteurs de l'agroalimentaire et de la grande distribution spécialisée. «Sur l'automobile et l'agroalimentaire, le Valenciennois est extrêmement exportateur», note Gilbert Bredel, président. Le raccordement prochain aux rails, à l'horizon 2026, ouvrira d'ailleurs de nouveaux marchés prometteurs pour la filiale du groupe allemand Rhenus. Pour l'heure, le transporteur, avec à bord une équipe de 22 personnes, enregistre un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros. «Ce qui n'est pas énorme au regard du volume car nous sommes pour le moment sur des distances courtes», tempère l'ex-capitaine de marine marchande.
De Prouvy à Bruay-sur-l'Escaut
Contargo affiche toutefois une croissance exponentielle depuis sa création en 1996. Alors baptisée Combiné Conteneurs Escaut Service (CCES), implantée à Prouvy, la société a démarré avec dans son portefeuille un client unique, les Malteries Soufflet. C'est dans les années 2000 qu'elle booste son nombre de conteneurs, notamment grâce à l'arrivée de Toyota. Le constructeur automobile, «précurseur», a alors confié la quasi-totalité de ses volumes en transport fluvial. «Cela nous a donné un coup de boost décisif», se remémore le dirigeant.
Ensuite tout s'enchaîne. «En 2012, la CCI et Valenciennes Métropole, voyant que le terminal privé de Prouvy était saturé, décident de créer un terminal public sur le 'quai de Saint-Saulve'. Il s'agit d'une propriété publique, nous avons pour notre part un contrat d'exploitation de 15 ans». En 2015 c'est chose faite. Le terminal passe alors de 8 000 à 20 000 m². À la faveur de deux extensions, en 2017 et 2022, il s'étend actuellement sur 47 000 m² de capacité de stockage, «quand, il y a 10 ans, on était 8 000 m²!», se souvient Gilbert Bredel. En 2023, le transporteur met en place une escale de ses navires à Dourges, au sud de Lille, cela engendrant une hausse de 1,5% des volumes transportés. Mais cela est loin d'être le seul investissement.
«En 2024, nos efforts d'investissement vont principalement porter sur la décarbonation»
Moyen de transport déjà écologique, le fluvial signé Contargo veut aller plus loin. «En 2024, nos efforts d'investissements vont principalement porter sur la décarbonation de nos activités», dévoile Gilbert Bredel. Ainsi, après avoir fait passer ses barges au GTL, l'entreprise compte inciter ses partenaires routiers à basculer leur flotte vers des camions au biocarburant ou carburant recyclé. Le groupe compte également faire lui-même l'acquisition de camions à la motorisation électrique. Car la demande est là : «Désormais, au-delà du critère économique, on sent qu'il y a une pression sur le marché pour la décarbonation des transports. Les gens viennent parce que c'est moins cher, mais plus seulement. Depuis quelques années, voire quelques mois, on les sent de plus en plus prêts à tout pour réduire les émissions de carbone», analyse-t-il. En 2030, l’Escaut sera relié au bassin de la Seine par le canal Seine-Nord Europe. La boucle environnementale sera bouclée.
Un peu d'histoire…
1996 : création de Combiné Conteneurs Escaut Service (CCES) à Prouvy (4 000 conteneurs par an, exclusivement pour les malteries Soufflet)
2015 : ouverture du terminal à Bruay-sur-l'Escaut. Contargo passe d'un terminal de 8 000 à 20 000 m²
2017 : première extension de 10 000 m²
2022 : seconde extension de 17 000 m²
2023 : ouverture d'une escale à Dourges, au sud de Lille
2024 : traitement de 150 conteneurs par jour (50 000 par an) pour un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros
2026 : investissement public dans un second portique
2026-2027 : embranchement ferroviaire via une nouvelle extension de 15 000 m²
2030 : rattachement au bassin de la Seine par le canal Seine-Nord Europe