Le gouvernement amorce la lutte contre le «surlogement» touristique
Le gouvernement propose 14 mesures pour lutter contre «l'attrition des logements permanents en zone touristique». En particulier, il multiplie par trois le nombre de communes relevant d'une zone tendue. Mais il ne s'attaque pas au sujet crucial de la fiscalité des plateformes.
C'est
l'un des pires effets pervers du tourisme de masse conjugué à
l'économie des plateformes : l'accaparement des logements au
profit de la location de courte durée. Le 18 juillet, les ministères
du Tourisme, des Collectivités et du Logement ont annoncé 14
mesures pour combattre ce fléau. Elles sont le fruit d'un groupe de
travail consacré à «l’attrition
des logements permanents en zone touristique»
qui regroupe élus locaux, nationaux et professionnels. Lequel a été
mis sur pied suite aux conclusions d'un rapport administratif qui
pointait «une
urgence dans de nombreux territoires touristiques».
Parmi
les mesures adoptées, la plus immédiate et opérationnelle réside
dans le triplement du nombre de communes relevant d’une «zone
tendue», à savoir, qui connaissent des difficultés particulières
d’accès au logement. Elles sont désormais 3 693. Dès parution –
imminente – de la liste, les nouvelles entrantes disposeront d'un
levier fiscal spécifique : elles pourront majorer la cotisation de
taxe d'habitation sur les résidences secondaires ( THRS) jusqu' à
60%. Elles pourront également appliquer les réglementations
existantes sur l'encadrement des meublés de tourisme (imposer aux
propriétaires une procédure d’autorisation et un numéro
d’enregistrement de leur bien).
Dans
le même sens, plusieurs propositions visent à «étendre
et renforcer la réglementation permettant la régulation des meublés
de tourisme».
Par exemple, les meublés de tourisme pourront être soumis aux mêmes
règles de performance énergétique que les appartements de location
longue durée : les «passoires thermiques classées G»
au DPE, Diagnostic de performance énergétique, pourraient dont être
interdites de location, à compter de 2025. L'application de cette
mesure est à la main des communes qui auront aussi la charge de
contrôler son respect. Globalement, le principe qui a sous tendu
l'élaboration des propositions réside dans le fait de «laisser
de la marge aux arbitrages locaux»,
d'après le cabinet de Dominique Faure,
ministre
déléguée aux Collectivités territoriales et à la Ruralité.
Une
«niche» résistante
Certaines
des mesures annoncées restent à l'état d'esquisse. Ainsi,
une piste de travail fait actuellement l'objet d'une «analyse approfondie»
au ministère du Logement, d'après le dossier de presse : adapter
le PLU, Plan Local d'Urbanisme, pour y introduire le principe d'une
« servitude
de résidence principale
» . Ce dernier permettrait de favoriser le développement d'une
offre de logements qui serait «exclusivement
et dans la durée affectée à l'usage des résidences principales».
Figure aussi, parmi les propositions, le fait «d'engager une réflexion sur la fiscalité des revenus locatifs, afin de favoriser les locations de longue durée». La fiscalité actuelle est, en effet, considérée très favorable aux locations de courte durée, y compris par les experts, comme Stéphanie Hamis, avocate associée au cabinet Arsene, cité par le quotidien économique Les Échos du 22 juin. «Sur les locations de long terme classiques (non meublées), la fiscalité en place permet de bénéficier d'un abattement de 30 % jusqu'à 15 000 euros. Mais pour les locations meublées (type Airbnb), c'est le régime BIC [bénéfices industriels et commerciaux] qui s'applique : dans ce cas-là, vous disposez d'un abattement fiscal de 50% jusqu'à 72 600 euros.»
Une analyse partagée par les parlementaires de tous bords
politiques qui
ont lancé l'appel «Encadrons
les meublés touristiques»,
en mai dernier. Pour lutter contre la multiplication démesurée de
ces locations touristiques, générée par les plateformes numériques
comme Airbnb, ils émettent sept propositions. La première :
«La
suppression de la niche fiscale dont bénéficient les locations
saisonnières de meublés touristiques de courte durée».
D'après Le
Monde du 3 mai dernier, des députés avaient proposé, sans succès, de la
supprimer à l'automne 2022. Les sénateurs, eux, avaient voté son
cantonnement aux propriétaires de trois biens maximum, dans un
amendement. Mais le gouvernement n' a pas conservé ce dernier, lors
de l’adoption (grâce à l’article 49.3) de son projet de loi de
Finances.
Loc’Avantages renforcé
Ce système permet à des particuliers de mettre en location un logement à des tarifs sociaux, en échange d’avantages fiscaux. Au 1er janvier 2024, ses plafonds de loyer vont être augmentés. Les bailleurs pourront donc louer à des tarifs plus élevés, «ce qui permettra de rendre le dispositif plus adapté et plus incitatif , permettant ainsi de le massifier», selon le cabinet d'Olivia Grégoire, ministre déléguée aux PME et au Tourisme.