Entretien avec Georges Lucenet, délégué général du réseau des Routes de l'impressionnisme
«Le tourisme culturel attire de plus en plus de visiteurs»
Le Petit Futé publie un guide consacré aux sites de l'impressionnisme en France. Pour les villes concernées, ces sites peuvent représenter un potentiel touristique. Par ailleurs, sur le plan artistique, ce courant est très loin de se limiter à la France.
Quel
est l'objectif et que propose le guide qui dévoile une centaine de
sites impressionnistes en France ?
Étrangement, il n'existait pas encore de guide consacré à l'impressionnisme en France. Le seul existant concerne la vallée de la Seine. Pourtant, ce mouvement artistique a très largement dépassé ce périmètre ! Afin de mieux le faire connaître, nous avons donc décidé de réaliser ce guide. Après une première partie consacrée à l'histoire de l'impressionnisme, l'ouvrage recense 110 des 160 sites que compte la France. Ils sont situés dans sept régions différentes, dont l’Île-de-France et la Normandie, mais aussi l’Occitanie, le Grand Est, et la Provence-Alpes-Cote-d'Azur...
Par
exemple, le phénomène est peu connu, mais les Impressionnistes ont
aussi beaucoup fréquenté le Sud de la France. Renoir se rendait à
Cagnes-sur-mer, Signac à Saint-Tropez, Bazille à
Montpellier... Pour chacun des sites identifiés, l'ouvrage
relate l'histoire de la ville en lien avec l'impressionnisme et
indique ses principaux lieux d'attraction. Comme à Giverny, la
maison de Monet, son jardin et le musée des Impressionnistes. Des
informations pratiques – hôtellerie, restaurants – complètent la
description de chacun des sites.
Ces
sites de l'impressionnisme constituent-ils un atout touristique pour
les communes qui les abritent ?
C'est clairement le cas. Aujourd'hui, en effet, on assiste à un développement du tourisme culturel qui attire de plus en plus de visiteurs. Toutefois, sur ce plan, les communes qui abritent des sites impressionnistes sont loin d'être dans la même situation. En effet, certains sites liés à l'impressionnisme comme Giverny ou Moret-sur-Loing, très célèbres, connaissent un afflux important de visiteurs.
En revanche, de nombreuses petites collectivités ne
bénéficient pas d'une telle notoriété. Par exemple, dans l'Ouest
parisien, les touristes se concentrent sur Versailles. Ils sont très
rares à se rendre à Argenteuil ou à Bougival. Aujourd'hui,
certaines de ces collectivités s'efforcent d'attirer les visiteurs
en mettant en valeur leurs sites impressionnistes. Ainsi, à
Bougival, la mairie va inaugurer la maison de Berthe Morisot, ce mois
de septembre. Autre exemple, en Champagne avec le village d'Essoyes,
où
Renoir séjournait chaque été et où il est enterré. La mairie qui
a
bâti un centre culturel, fait revivre la maison de l'artiste, son
atelier, son jardin...
L'impressionnisme
est-il exclusivement hexagonal ?
La France y a joué un rôle central, mais le courant artistique de l'impressionnisme s'est déployé à travers toute l'Europe. Au XIXe siècle, il s'est développé dans 36 pays, la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Slovénie, en Grèce, en Espagne, Russie...A cette époque, en effet, des colonies d'artistes ont fleuri à travers toute l'Europe et elles établissaient des liens entre elles. Celles qui s'étaient établies en France, très importantes, ont joué un rôle primordial. Barbizon (Seine-et-Marne), par exemple a vu arriver de nombreux artistes étrangers, comme l’anglais Sisley, ou le néerlandais Johan Barthold Jongkind. Des artistes étrangers venaient également se former dans les académies parisiennes, passaient par Montmartre....
Faire connaître cette histoire européenne, fédérer ces sites impressionnistes qui souhaitent faire vivre leur patrimoine est précisément l'objet de «Routes de l'impressionnisme» : il s'agit de l'un des «itinéraires culturels» du Conseil de l'Europe, - qui en compte d'autres comme la route de Charlemagne- dont la mission est de développer le patrimoine culturel, artistique européen et de favoriser son accès.