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Marais poitevin : un univers végétal et aquatique précieux

Un été ne suffit pas à en explorer tous les recoins. Son périmètre correspond à l’ancien golfe des Pictons, le parc régional du Marais poitevin, grand site de France, avec ses 112 000 hectares, s’étendant sur la Vendée, la Charente Maritime et les Deux Sèvres, constitue la deuxième zone humide de France. Un paradis pour les amoureux de la nature.

Par Victor Galice (Informateur Judiciaire pour ResoHebdoEco — Reso-hebdo-eco.com)

Une vache maraîchine regarde les barques passer entre les frênes têtards caractéristiques du Marais poitevin.
Une vache maraîchine regarde les barques passer entre les frênes têtards caractéristiques du Marais poitevin.

Aménagé par l’homme dès le XIe siècle, le Marais poitevin est composé de trois grands ensembles liés à son système hydraulique : le marais maritime, le marais desséché et le marais mouillé. En barque, en canoë, à vélo, à cheval, il est possible de découvrir une faune et une flore exceptionnelles tout autant qu’un patrimoine historique ancien, avec des abbayes millénaires. Les hautes ruines de certaines, comme celle de Maillezais, veillent sur le marais mouillé, cette partie du parc surnommée la “Venise verte“ tant ses centaines de canaux en font le pendant végétal de la Sérénissime. Il est facile de se perdre dans ce labyrinthe de 28 000 hectares inondables.

Surveillé par les frênes têtards dont les racines plongent dans les rives des canaux, le visiteur sera saisi par la quiétude des lieux, croisant au passage, une faune variée. Plus d’une cinquantaine de mammifères terrestres et aquatiques y sont recensés, dont la rare loutre d’Europe ou le plus envahissant ragondin. Mais également 377 espèces d’oiseaux, du héron garde-bœufs au râle des genêts en passant par la cigogne, sans oublier une trentaine d’espèces de poisson. Et avec un peu de chance, le visiteur pourra même voir traverser une couleuvre à collier à la surface de l’eau.

Surveillé par l’abbaye de Maillezais

Le marais mouillé se découvre à bord de plates, embarcations traditionnelles à fond plat menées par des bateliers, dont le faible tirant d’eau et tirant d’air leur permet d’évoluer sans difficultés. Les plus téméraires s’aventureront en canoë, là où les barques ne peuvent aller.

De nombreux embarcadères sont répartis dans le marais mouillé offrant autant de points de départs à cette aventure verte et bleue. L’un d’eux est installé au pied de la majestueuse abbaye de Maillezais, élevée sur une île à partir du Xe siècle, dominant les canaux du marais creusés par les moines. L’ancienne église abbatiale, convertie en cathédrale Saint-Pierre de Maillezais en 1317, est laissée à l’abandon à partir de 1666 et vendue comme bien national en 1791, détruite pour une grande partie par les marchands de matériaux. Mais de ses vestiges, aujourd’hui figés dans le temps, transpire une histoire millénaire qui touche chaque visiteur.

Baie de l’Aiguillon

Le marais poitevin est traversé par la Sèvre niortaise qui se jette en baie de l’Aiguillon dans l’océan Atlantique. Le parc naturel régional inclut soixante-cinq kilomètres de côte maritime, allant de Saint-Vincent-sur-Jard, au nord en Vendée, à Marsilly, au sud en Charente-Maritime. La façade en quelque sorte du marais maritime soumis à l’influence des marées. Les marais desséchés, 47 000 hectares riche d’une extraordinaire biodiversité, sont, sous l’impulsion d’Henri IV, protégés des inondations et des marées par un réseau de digues appelées également levées, dotées d’ouvrages hydrauliques appelés bondes à la limite avec le marais mouillé. Ils se prêtent plus à des balades à vélo comme à Saint-Denis-du-Payré pour découvrir la Réserve naturelle nationale Michel Brosselin et sa faune exceptionnelle, paradis des oiseaux migrateurs.


Encadré 1

Infos pratiques

Une dizaine d’embarcadères sont répartis dans la Venise Verte, de Damvix à Maillezais en passant par le petit village de Coulon. On peut y louer une barque avec un guide ou sans guide ou des canoës. De nombreux sites proposent également des locations de vélos.

Plus d’infos au 0251478820 ou sur Vendee-tourisme.com.

Idées de sorties

  • Visite du parc ornithologique “Les oiseaux du Marais poitevin“ , ouvert tous les jours de 10h à 19h, Le Petit Buisson, 79210 Saint-Hilaire-la-Palud, 05 49 26 04 09.
  • Marché gourmand de la laiterie de Coulon, tous les vendredis soir durant l’été (18h-23h). Restauration sur place, dégustation de produits locaux.
  • La grange à Camille à Coulon présente, jusqu’au 2 octobre, une large palette de l'activité artistique régionale. Contact au 05 49 35 91 42.

Encadré 2

Les conseils du guide batelier Romuald Fouché

Guide batelier indépendant, Romuald Fouché est tombé amoureux du Marais poitevin quand il était enfant. Pour lui, c’est au lever du jour qu’il livre ses plus belles pépites. Aujourd’hui, il propose d’accompagner les visiteurs pour des balades sur mesures en barque, à l’écart du tourisme de masse.

«Je suis ancien guide batelier salarié d’un embarcadère. Voulant continuer à aller dans le marais car c’est ma passion, j’ai orienté les choses vers une proposition plus personnalisée. J’adapte la journée des gens au gré de leurs envie. Je pars en général souvent tôt le matin, quand les embarcadères ne sont pas encore ouverts. Et la majeure partie de mes balades, qui durent trois heures, se fait hors des circuits touristiques. Ce n’est jamais le même parcours», explique-t-il.

Quiétude et découverte

«Si on veut vraiment profiter de la quiétude de l’endroit et revenir aux sources de la nature, il faut s’écarter des autres. Pour moi, la découverte du marais, c’est d’abord partir là où il n’y a personne et surtout tôt le matin pour avoir à la fraîche, les odeurs, les animaux et le lever du soleil. La faune se réveille à ce moment-là. Après, c’est trop tard.»

Romuald Fouché connaît aussi l’histoire du marais, l’architecture hydraulique, qu’il raconte à ses passagers. Au départ de Coulon, il fait partager sa passion, en barque le matin et à vélo l’après-midi «qui donne une tout autre physionomie».

Le guide batelier ajoute, qu’au sein des marais, «le paysage change selon la saison. Les arbres ne sont pas les mêmes, la hauteur de l’eau est différente. Au printemps, c’est plus coloré. À l’automne, les arbres perdent leurs feuilles et l’on voit plus loin. Au mois d’août, on peut avoir la brume du petit matin. Ce n’est pas tous les jours, mais quand cela arrive, c’est magnifique».

Contact : Romuald Fouché, guide batelier (79140 Le Pin / Coulon), au 07.69.15.22.26.