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Nuit et brouillard

Écrit dans les mois qui ont suivi Mai 68, Détruire dit-elle est un étrange roman d’anticipation où, selon Marguerite Duras, la révolution politique passe par une «révolution intérieure.» Adapté à la scène, le récit réunit deux hommes et deux femmes dans un hôtel isolé : Max Thor regarde Elisabeth Alione, Stein contemple Alissa. Dans une de ses oeuvres les plus mélancoliques, Marguerite Duras décrit un monde qui aurait «perdu le sommeil». C’est de cet état de rêve éveillé que naît le geste artistique du metteur en scène Jean-Luc Vincent. La scène baigne toute entière dans le brouillard. S’en détache un ensemble de comédiens habités, portant au plus haut l’incandescence du verbe de l’auteure. Ce sont des gens qui s’observent et se frôlent, des mutants venus d’un autre temps, mus par un amour inconditionnel comme dirait Duras. Et leur désir est si fort qu’il contamine…

© Josselyn Lambert

Membre des Chiens de Navarre, Jean-Luc Vincent adapte avec sa complice Anne-Elodie Sorlin cette œuvre fascinante, à la fois roman et premier film que l’auteure signe en 1969, comme un écho à la révolte récente. Convoquant la littérature, le théâtre, la chorégraphie, le cinéma et la musique, l’acteur-metteur en scène déstructure les genres et invite la sensualité, le fantastique et l’humour.

Représentations les 11 et 13 octobre à 20h, le 12 octobre à 18h30 au Palace, 138 rue du 11-Novembre à Béthune. Renseignements et réservations au 03 21 63 29 00 ou sur www.comediedebethune.org