Preston Sturges, le roi de la comédie
Grand maître de la comédie hollywoodienne des années 1940, Preston Sturges est enfin célébré à la hauteur de son génie avec ce coffret indispensable rassemblant 6 joyaux entrés au panthéon cinématographique hollywoodien et mondial.
Quel est le point commun entre l’inventeur de l’avion à décollage vertical et celui du rouge à lèvres qui résiste aux baisers ? Entre le propriétaire de The Players, l’un des clubs les plus en vogue des années 1940 où se bousculait le tout-Hollywood, et le traducteur de Marcel Pagnol aux Etats-Unis ? Absolument tout puisque le même homme se cache derrière cet inventeur de génie, ce businessman avisé, ce dandy extravagant, cet homme de lettres à l’immense culture et à l’imagination sans limites : Preston Sturges.
Adulé, respecté, craint, trahi, il a tout connu, des sommets de la gloire aux plus cruelles désillusions. Injustement oublié du grand public, il était pourtant vénéré par les cinéphiles européens de l’après-guerre qui le plaçaient au même rang qu’Ernst Lubitsch… Avant lui, aucun scénariste au sein des grands studios n’était passé derrière la caméra, ouvrant ainsi la voie à des auteurs comme Billy Wilder et John Huston. Il a écrit les plus beaux rôles des actrices les plus glamour de l’époque – Linda Darnell, Barbara Stanwyck, Veronica Lake, Claudette Colbert –, signant une kyrielle de films intemporels à (re)découvrir dans de magnifiques versions restaurées.
Parmi les six films proposés, trois sont des chefs-d’œuvre absolus et les trois autres – Le Gros Lot (1940), Un cœur pris au piège (1941) et Héros d’occasion (1944) – culminent sur les sommets de la production hollywoodienne de l’époque. Cependant, difficile d’atteindre les cimes des extraordinaires Voyages de Sullivan (1941) qui suit les pas de John L. Sullivan (Joel McCrea), riche et brillant metteur en scène d’Hollywood lassé de la frivolité de ses films, qui veut filmer la population touchée par la misère. Pour mener à bien ce projet, il décide d’adopter le mode de vie d’un vagabond. Durant son périple, il fait la rencontre d’une séduisante jeune femme (Veronica Lake) qui l’accompagnera et lui prodiguera de judicieux conseils…
On retrouve Joel McCrea à l’affiche du jubilatoire Madame et ses flirts (1942) où il incarne Tom Jeffers marié à Gerry (Claudette Colbert) dont l’amour partagé est gâché par une situation financière critique. Décidée à aider son mari, inventeur, à trouver les fonds nécessaires pour son dernier projet, Gerry rejoint Palm Beach afin d’y rencontrer un homme riche qui pourra résoudre les problèmes d’argent du couple… Enfin le sublime Infidèlement Vôtre (1948) met en scène Sir Alfred Carter (Rex Harrison), chef d’orchestre reconnu, éperdument amoureux de sa femme (Linda Darnell). Lorsqu’un détective lui apprend que celle-ci l’a trompé avec son secrétaire, le monde s’écroule sous ses pieds. Ébranlé par la nouvelle mais stimulé par son désir de vengeance, le maestro imagine alors en plein concert trois façons différentes de laver cet affront, transcendé par la musique de Rossini, Wagner et Tchaïkovski…
Wild Side.