Feuille de route du gouvernement
Protection de la biodiversité et gestion durable des forêts
Le gouvernement a dévoilé, cet été, les grands axes de la prochaine stratégie nationale pour la biodiversité et du futur plan national de renouvellement forestier.
Le
ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des
territoires a présenté le 20
juillet dernier ses propositions pour la troisième
Stratégie nationale pour la biodiversité. Une semaine plus tard, le
comité spécial «gestion durable des forêts» a remis au
ministère de l’Agriculture un rapport préalable à l’élaboration
du plan national de renouvellement forestier.
39 mesures en faveur de la biodiversité
Les
39 mesures visant «à préserver le vivant en France d’ici à
2030», proposées par le gouvernement sont la traduction des
engagements pris dans le cadre de la 15e Conférence
mondiale sur la biodiversité (COP15) qui s’est tenue en décembre
dernier, au Canada. Pour respecter l’accord le plus
emblématique de la COP15, à savoir la protection de 30% de la
planète d’ici 2030, le gouvernement propose la création de 400
nouvelles aires de protection sur le territoire national, terrestre
et marin, d’ici 2027, dont 10% avec un niveau élevé de
protection. Il souhaite également parvenir à un accord sur la
protection de deux nouvelles aires marines dans les eaux
internationales.
Autres
grands leviers d’action de la stratégie nationale pour la
biodiversité : la réduction de la pollution plastique,
lumineuse et phytosanitaire. Objectifs : réduire de 50% l’usage
et l’exposition aux pesticides d’ici 2030, diviser par deux la
pollution lumineuse, fermer toutes les décharges proches du littoral
et présentant un risque de submersion, inciter toutes les communes
situées en bord de mer à mettre en œuvre une politique «zéro
plastique»…
Pour
développer la formation et l’information sur la biodiversité, le
gouvernement propose de diffuser une cartographie des métiers de la
biodiversité aux jeunes élèves et d’encourager les
établissements scolaires à monter des projets de protection du
territoire. Il est enfin prévu qu’un affichage environnemental
soit déployé sur les produits textiles et agroalimentaires à
partir de 2024, puis progressivement sur les autres biens et
services.
L’ensemble
de ces propositions ont été transmises au Comité national de la
biodiversité, composé de représentants d’associations de
protection de la nature, d’entreprises et de collectivités
territoriales, et chargé de donner son avis avant l’adoption du
plan, cet automne.
L’«Objectif Forêt» face au changement climatique
Le
rapport «Objectif Forêt» remis le 26 juillet dernier au
ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc
Fesneau, et à la secrétaire d’État à la Biodiversité, Sarah
El Haïry, constitue le socle du prochain plan national de
renouvellement forestier, destiné à accompagner les propriétaires
publics et privés de forêts dans les dix ans à venir. Il prévoit,
notamment, la structuration de la filière et la création d’un
fonds de renouvellement pérenne.
Dans
la droite ligne des engagements de l’Accord de Paris sur le climat
(COP21), le comité spécialisé «gestion durable des
forêts» émet, dans son rapport, plusieurs propositions
concrètes pour rendre les forêts plus résilientes face au
changement climatique et renforcer le rôle de la forêt comme puits
de carbone : choix d’essences adaptées aux climats futurs,
diversité des modes de sylviculture, variété des essences
employées, préservation de la biodiversité...
Selon
le rapport, environ 15% de la forêt métropolitaine nécessiterait
une action volontaire dans les dix prochaines années, en plus des
surfaces concernées par le renouvellement habituel programmé dans
le cadre de la gestion durable. «En tenant compte de la
structure de la propriété et des probabilités d’actions des
propriétaires, il est raisonnable de retenir qu’une fourchette de
1,5 à 1,7 Mha
(10 % de la forêt métropolitaine) pourrait réellement faire
l’objet d’actions de renouvellement ou d’enrichissement dans
les dix prochaines années», estime le comité spécialisé.
«Cet effort de renouvellement sur 10% de la forêt
représente autour de 10 milliards d’euros d’investissements pour
les propriétaires forestiers. Parallèlement aux financements
publics jugés indispensables pour inscrire dans le temps cette
dynamique d’investissements, un potentiel complémentaire de
financements privés, au travers notamment du label bas-carbone déjà
instauré ou de dispositifs de paiements pour services
environnementaux à mettre en place, permettrait d’accélérer le
rythme.»
Autres
préconisations : retrouver l’équilibre
sylvo-cynégétique dans
plusieurs massifs forestiers, s’assurer de la disponibilité en
semences et plants («un doublement, voir un triplement de
la production de plants serait nécessaire»), de la
capacité à réaliser des travaux forestiers à hauteur des besoins,
et de la montée en capacité et compétitivité des industries de
transformation du bois. «La filière devra également être
en capacité de gérer et valoriser au mieux les flux de bois
exceptionnels consécutifs à des aléas et des crises à venir.»