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Une vie héroïque

Créés à Bruxelles en 1959, soit deux ans à peine après sa création à la Scala et à Paris, les Dialogues des Carmélites n’étaient plus jamais réapparus à l’affiche de la Monnaie depuis. Un oubli désormais réparé avec la reprise de cette production mémorable créée en 2013 magnifiant l’opéra le plus célèbre de Francis Poulenc (1899-1963).

Patricia Petibon (Blanche de la Force) et Nicolas Cavallier (Marquis de la Force), magnifiques interprètes de ces Dialogues des Carmélites. © Baus
Patricia Petibon (Blanche de la Force) et Nicolas Cavallier (Marquis de la Force), magnifiques interprètes de ces Dialogues des Carmélites. © Baus

Jusqu’en 1936, Francis Poulenc mène une vie mondaine et légère dans le Paris de l’entre-deux-guerres, composant des œuvres variées au gré d’une fantaisie excentrique et d’un humour souvent décapant. Mais cette année-là, sous le choc de la terrible mort de son ami Pierre-Octave Ferroud, il connaît une véritable révélation spirituelle qui l’amène à composer des œuvres d’une gravité inédite et d’une grande puissance émotionnelle. Cette expérience spirituelle va trouver son expression la plus juste dans l’histoire tragique de la jeune Blanche de la Force.

Patricia Petibon (Blanche de la Force) et Nicolas Cavallier (Marquis de la Force), magnifiques interprètes de ces Dialogues des Carmélites. © Baus

Cette œuvre admirable est l’occasion d’une première rencontre entre le directeur musical Alain Altinoglu, à la tête de l’Orchestre symphonique et des Chœurs de la Monnaie, et le metteur en scène français – collaboration qui se poursuivra avec la création de Lohengrin en avril 2018. Olivier Py signe ainsi une mise en scène crépusculaire pleine d’admiration et d’empathie pour son sujet. Les mots de Bernanos, immenses dans leur dépouillement, et la sublime musique de Poulenc lui ont inspiré autant de tableaux qui resteront en mémoire. Il explore en outre une problématique qui n’est pas seulement chrétienne, celle de la frontière entre la peur et l’héroïsme à laquelle nous sommes tous confrontés. Gestes, regards, attitudes, diction, tout est minutieusement travaillé pour exprimer la profonde humanité des personnages et éclairer leurs questionnements, leurs doutes et leurs convictions.

La beauté austère du décor unique de Pierre-André Weitz, une boîte noire dans laquelle les espaces sont dessinés par quelques accessoires et mouvements de cloisons dans une lumière crépusculaire signée Bertrand Killy, magnifie le point de vue de la mise en scène. Sans oublier, évidemment, une distribution idoine où, en alternance, Patricia Petibon, Anne-Catherine Gillet, Véronique Gens, Sandrine Piau, Sophie Koch et Karine Deshayes sont au sommet de leur art.

 

Représentations le 17 décembre à 15h, les 19, 20, 22 et 23 décembre à 19h à la Monnaie à Bruxelles. Renseignements et réservations au 00 32 22 29 12 11 ou sur www.lamonnaie.be