Au cœur de l’âme humaine

Si les chorégraphies de Sasha Waltz comme Gezeiten, Continu ou Sacre ont marqué la mémoire des spectateurs par leur beauté et leur plasticité, Medea, Passion ou Matsukaze ont offert des moments inoubliables où la danse devenait un medium à même de magnifier la puissance narrative et émotionnelle de la musique et du chant.

Depuis plus de dix ans, ses spectacles touchent à une sorte de perfection par leur fusion quasi totale de la danse, de la musique et de la scène. Ils dessinent des visions singulières du monde en transfigurant le matériau de départ – le corps -, dans une maîtrise absolue de l’espace et de la gestuelle, de la plus épurée à la plus baroque, de la plus mentale à la plus sensuelle. Pour Sasha Waltz, travailler avec le corps est un moyen d’interroger la réalité, de sonder les profondeurs des rapports humains.

Avec Kreatur, sa dernière création présentée à Berlin en juin 2017, la chorégraphe et metteuse en scène explore les phénomènes existentiels engendrés par une société en mal de vivre, qui s’enfièvre simultanément pour les notions les plus contradictoires, pouvoir et absence du pouvoir, force et fragilité, liberté et de contrôle, de communauté et individualité. Plongeant à corps perdu dans les tourments de l’âme humaine, les 14 danseurs composent un spectacle d’une beauté troublante qui doit autant à la chorégraphie qu’aux costumes d’Iris van Herpen, aux lumières d’Urs Schönebaum et à la bande sonore de Soundwalk Collective.

Car ce spectacle est la première collaboration de Sasha Waltz avec ces artistes qui partagent le même goût de l’exploration interdisciplinaire. Très grand nom de la couture internationale, la styliste néerlandaise Iris van Herpen imagine des créations visionnaires sculptant l’air autour des corps, ou les habillent d’armures éthérés et vibrantes, dans une esthétique à la fois organique et technologique. Urs Schönebaum crée des espaces de lumières à la demande des plus grands artistes de l’art contemporain tels Robert Wilson, Michael Haneke ou Marina Abramovic. Enfin, le jeune trio berlino-new yorkais Soundwalk Collective combine l’anthropologie, l’ethnographie, l’observation de la nature, et les techniques d’enregistrements et de synthèses pour explorer les sons mouvants de notre monde et créer des compositions sonores singulières. Soit la matérialisation de l’affirmation de Sasha Waltz : «La musique génère une force et un effet incroyables, elle se grave dans la mémoire, elle t’accompagne jusque dans tes rêves, nuit et jour.»

 

Représentations les 2 et 3 février à 20h, le 4 février à 15h au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles. Renseignements et réservations au 00 32 22 29 12 11 ou sur www.lamonnaie.be