«Il trittico» de Giacomo Puccini à Bruxelles
La Monnaie à Bruxelles accueille le metteur en scène Tobias Kratzer qui s’empare de Il trittico, trois œuvres en un acte signées Giacomo Puccini qu’il fera dialoguer sous la direction musicale d’Alain Altinoglu.
À l’aube du XXe siècle, Puccini, qui vient de connaître un grand succès avec Tosca, songe à composer un trio d’œuvres en format court. En 1904, après la création de Madama Butterfly, le compositeur italien lit La Divina Commedia de Dante lors d’un voyage en train. Il envisage alors de baser sa trilogie sur certains passages du long poème composé par son compatriote quelques siècles auparavant. Son choix est rendu encore plus compliqué par la mort de son librettiste attitré Giuseppe Giacosa. Au cours des années qui suivent, le projet prend forme lentement.
Puccini s’enthousiasme pour une pièce française de Didier Gold intitulé La Houppelande qui sera adaptée pour former l’un des trois volets. Giuseppe Adami rédige le livret en 1913 et Puccini entame la composition musicale de l'opéra. En 1914, la Première Guerre mondiale éclate et pendant le conflit, Puccini achève Il Tabarro. Puis il rencontre Giovacchino Forzano, un jeune librettiste et baryton, qui lui propose deux sujets pour des opéras en un acte : Suor Angelica, un mélodrame se déroulant à l’intérieur d’un couvent et Gianni Schicchi, une comédie inspirée de quelques vers de Dante. En 1918, les trois œuvres sont terminées et présentées sous la dénomination de Il Trittico au Metropolitan Opera de New York.
Si Puccini souhaitait que les trois œuvres soient systématiquement jouées ensemble, il est devenu courant d’en produire seulement deux ou même une seule couplée avec d’autres opéras en un acte du répertoire. Il Trittico présente en effet des tableaux radicalement différents aussi bien dans leurs récits que dans leur ton ou leur ambiance musicale. Il Tabarro, sorte de thriller vériste, raconte la passion adultère de Giorgetta, l'épouse de Michele, le propriétaire d’une péniche, et Luigi l’un des débardeurs travaillant pour celui-ci. Dans Suor Angelica, Sœur Angélique, une jeune fille issue de la noblesse qui a été mise au couvent par sa famille en guise de punition, cache un lourd secret. Enfin, Gianni Schicchi voit le rôle-titre se substituer au vieux et très riche Buoso Donati, tout juste décédé, afin de dicter au notaire familial un nouveau testament qui lui attribue tous ses biens.
Dans sa mise en scène, Tobias Kratzer cultive la forte identité esthétique de chaque pièce tout en créant une forme d’unité entre elles. Il plongera ainsi le public dans trois univers dramaturgiques radicalement différents : Il Tabarro reprendra le style fragmenté d’un sombre roman graphique, Suor Angelica plongera sa protagoniste dans une méditation musicale accompagnée d’un film inspiré de la Nouvelle vague, tandis que Gianni Schicchi proposera une expérience proche du théâtre de rue en interaction avec le public. Un jeu de références visuelles reliera les opéras ensemble, comme si leurs personnages vivaient dans des réalités parallèles se réfléchissant.
Représentations les 15, 17, 23, 26, 29 & 31 mars, les 6 & 9 avril à 19h, les 20 mars et 3 avril à 15h à la Monnaie à Bruxelles.