Décisions
L’entreprise et les salariés
Revue de récentes décisions de justice, en matière de droit du travail.
Du
côté de la Cour de cassation...
Procédure
disciplinaire
Préalablement
à sa mise en oeuvre, le salarié ayant été expressément informé,
que l’employeur avait recours à une méthode
d’évaluation professionnelle,
faisant intervenir une société mandatée pour effectuer des
contrôles en tant que « client mystère », les résultats de
cette évaluation peuvent être utilisés au soutien d’une
procédure disciplinaire (Cass. Soc., 6 septembre 2023, pourvoi n°
22-13783).
Licenciement
Le
droit reconnu au salarié par le Code du travail de se faire assister
lors de l’entretien préalable au licenciement ou à une
sanction susceptible d’avoir une incidence sur sa présence dans
l’entreprise, sa fonction, sa carrière ou sa rémunération, par
un autre salarié de l’entreprise, implique que ce dernier ne doit,
du fait de l’assistance qu’il prête, subir aucune perte
de rémunération. Les frais de déplacement exposés par le
salarié afin d’assister d’autres salariés de l’entreprise
convoqués à un entretien préalable doivent donc lui être
remboursés par l’employeur (Cass soc., 6 septembre 2023, pourvoi
n° 22-14184).
Transaction
Aux
termes d‘une transaction, le salarié se déclarait entièrement
rempli de ses droits et se désistait de toutes instances et actions
présentes ou à venir découlant directement ou indirectement de
l’exécution et de la rupture de ses relations avec la société
employeur, comme avec toutes les sociétés du groupe auquel elles
appartiennent. Dès lors, la cour d’appel ne pouvait pas juger
recevable l’action de l’intéressé relative à l’absence ou
l’insuffisance de cotisations versées aux régimes de retraite par
l’employeur (Cass soc., 6 septembre 2023, pourvoi n° 21-24407).
...Et
des tribunaux
Période d’essai
Selon
l'article L. 1221-20 du Code du travail, la période d'essai a pour
objet de permettre à l'employeur d'évaluer les compétences du
salarié dans son travail, notamment au regard de son expérience. En
l’espèce, il ne peut sérieusement être soutenu que le contrat de
travail, conclu le 16 mars 2020, a été rompu le lendemain, en
raison d'une insatisfaction de l’entreprise, en lien avec les
compétences de l’intéressée, alors même que cette date
correspond au début du confinement lié à la pandémie de
Covid 19. En conséquence, le jugement est infirmé et la rupture
jugée abusive (Rouen, 31 août 2023, RG n° 21/03176).
Licenciement
La
faute grave résulte
d'un fait ou d'un ensemble de faits imputables au salarié, qui
constitue une violation des obligations découlant du contrat de
travail ou des relations de travail, d'une importance telle qu'elle
rend impossible son
maintien dans l'entreprise. C'est à l'employeur qui invoque la faute
grave, et s'est situé sur le terrain disciplinaire, de rapporter la
preuve des faits allégués et de justifier qu'ils rendaient
impossibles la poursuite du contrat de travail (Amiens, 30 août
2023, RG n° 22/04039).
L'employeur
qui, après l'entretien préalable, décide de licencier le salarié
doit lui notifier le licenciement par LRAR
motivée (art.L.1232-6 du Code
du travail). La jurisprudence admet que le licenciement soit
notifié par la remise de la
lettre en main propre contre
décharge. En revanche, un licenciement verbal
est nécessairement
dépourvu de cause réelle et sérieuse. C'est au salarié qui
prétend avoir fait l'objet d'un licenciement verbal de le
démontrer (Chambéry, 24 août 2023, RG n° 22/01901).