Service Express Régional Métropolitain Hauts-de-France
La Société du Grand Paris en pôle position
Fini le concept d’un RER reliant le Bassin Minier à la métropole lilloise. On parle d’un nouveau service, le SREM, Service Express Régional Métropolitain, en instance de vote au Parlement. Et la Société du Grand Paris est venue partager son expérience au World Forum for a Responsible Economy Arras 2023.
La vision est d’abord nationale : le 16 octobre prochain, le projet de loi sur les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM) passe au Sénat, pour une éventuelle promulgation début 2024. Cela concerne une douzaine de métropoles dont Lille. Ce projet est porté par le député Jean-Marc Zulesi. L’idée est d’imaginer, pour chaque territoire, un tracé de SERM, avec une nouvelle offre de trains aux cadences resserrées, associés efficacement aux bus, tramways et vélos. Si le SERM est labellisé par l’Etat, il pourra toucher une partie des 100 Mrds € d’ici à 2040.
Le rôle de la Société du Grand Paris
Dans les Hauts-de-France, le SERM concernerait la liaison Lille-Hénin-Beaumont. Et Jean-François Monteils, président du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), est venu partager son expertise sur le sujet durant la première journée du World Forum 2023, qui se tenait à Arras le 14 septembre dernier. Une séance dédiée à la mobilité intermodale, c’est-à-dire tout déplacement constitué de plusieurs modes de transport sur un même trajet : voiture, vélo, marche…
La Société du Grand Paris est pour l’instant un établissement public dédié à la construction du Grand Paris Express, le réseau circulaire de 200 km de l’Ile-de-France lancé en 2010. Demain, à la suite du vote, «il y a la possibilité pour la Société, qui deviendrait la Société des Grands Projets, d’intervenir pour apporter son expertise en maîtrise d’ouvrage et en coordination sur les projets des SERM» précise Jean-François Monteils, et ce aux côtés de SNCF Réseau, mais «nous sommes déjà missionnés par la Première ministre pour commencer à réfléchir avec les collectivités sur les questions d’organisation de la gouvernance, de financement, d’articulation avec les projets d’urbanisation et de pertinence du réseau des futurs SERM.» C’est le cas depuis juin 2023 pour les Hauts-de-France.
Importance des pôles de rabattement
Avec humour, le représentant de la SGP n’a pas hésité à débuter son allocution au World Forum par les échecs du Grand Paris Express. «Le chantier parisien va ouvrir une partie de cette nouvelle rocade ferroviaire en 2025 - la ligne 15 Sud - mais seuls 50% des pôles de rabattement vers les 16 gares seront prêts. Nous n’avons pas assez anticipé la coordination entre les différents maîtres d’ouvrage.»
Et d’insister sur la nécessité de réussir en amont ces axes de rabattement, qui faciliteront la venue des utilisateurs et l’intermodalité entre les trains, les bus et le vélo. Sonia Lavadinho, experte suisse en mobilité (cabinet Bfluid) et présente aux côtés de Jean-François Monteils, préconise même d’élargir le rabattement jusqu’à un rayon de 10 km autour des gares, au lieu des 2 km habituels. Elle conseille aussi d’ouvrir les espaces publics deux ans avant le lancement du futur SERM pour faciliter leur appropriation.
Inquiétude des élus
Véritable serpent de mer politique depuis 25 ans, le retard de cette liaison express entre le Bassin Minier et Lille n’est pas sans agacer certains élus locaux. A l'instar de Sylvain Robert, maire de Lens, qui n’a pas hésité à interpeller Jean-François Monteils : «Les liaisons ferroviaires entre Lens et Lille ou Paris sont toujours aussi compliquées, entre non respect des trains et suppressions de TGV. Si les problèmes persistent, le service ferroviaire ne sera plus attractif et crédible.» Et d’évoquer les incertitudes sur le choix d’Hénin-Beaumont comme terminus du SERM partant de Lille.
Pour Laurent Duporge, maire de Liévin et président d’Artois Mobilité, «ça fait du bien de voir un acteur nouveau sur le projet. Mais comment travailler ensemble et comment améliorer la qualité du service existant ? Nous, acteurs locaux, avons l’impression d’être plus sujets qu’acteurs. Nous souhaitons redevenir acteurs.» Réponse du président du directoire : «C’est pour ça que nous sommes là. Et pour un tel projet, il faut raisonner en Master Plan. On connaît l’objectif à 15 ans, mais c’est dès maintenant qu’il faut changer les comportements, avec des étapes, et une planification très fine.» Une vision d’ensemble qui est déjà en train de se préparer avec la Région, avec un calendrier, des coûts et des objectifs de délivrance.