Entretien avec Jérôme André, président de l'UNGE Hauts-de-France
«Le métier de géomètre-expert est encore peu connu»
L’Union nationale des géomètres-experts des Hauts-de-France (UNGE) s’est réunie le 6 octobre dernier à Souchez, près de Lens, pour ses Rencontres régionales. L’occasion de dresser un état des lieux du secteur avec Jérôme André, président de l'UNGE Hauts-de-France.
Comment se porte la filière des géomètres en cette rentrée 2023 ?
Pour le moment, notre activité se porte bien. La demande est calme mais elle se réveille progressivement. Les géomètres sont mobilisés sur des travaux précis comme la définition précise d’espaces d’un bâtiment pour la copropriété ou encore l’auscultation des ouvrages pour assurer leur pérennité et la sécurité des structures dans le temps... Nous nous attendons, en revanche, à vivre une baisse de notre activité en raison de la crise immobilière. Mais nous n'en sommes qu’aux prémices.
Est-ce que cette crise aura un impact sur la main-d’œuvre ?
Oui, le recrutement risque d’être encore plus fébrile. La filière, peu connue, va manquer de plus de 2 000 géomètres-topographes ces prochaines années. En parallèle, nous constatons une baisse de niveau dans les formations de géomètres. Il faut davantage former les jeunes dans les domaines du bornage, de la copropriété... Ce qui demande plus d’investissement de la part des géomètres.
Que met en place l’UNGE pour attirer des candidats ?
Il a fallu renouer le contact avec les formations de géomètres, notamment les BTS. Nous nous sommes également inscrits dans le dispositif Proch’Orientation des Hauts-de-France. L’UNGE intervient donc dans des collèges et lycées de la région et dans les salons de l’étudiant. Les géomètres organisent aussi des événements plus insolites qui permettent de mettre en lumière notre profession, comme la mesure du Mont-Blanc.
C’est un métier passionnant. BTS, Bac Pro, écoles d’ingénieur… Tous les diplômes ont une place chez les géomètres-experts. Et puis, la profession évolue avec son temps et les innovations. Nous travaillons ainsi avec des scanners 3D, des drones. De quoi attirer les jeunes passionnés de technologies.
La RSE apparaît-elle aussi comme une solution pour attirer et fidéliser vos collaborateurs ?
L’intérêt pour les chefs d’entreprise est grand, et ils ne doivent passer à côté. Le salarié cherche un épanouissement et du sens dans son travail. Les cabinets ont donc tout intérêt à communiquer sur leur RSE, qui peut devenir un atout majeur lors du recrutement. Notre activité a un impact environnemental modéré, mais l’Union s’est engagée à réduire son empreinte carbone en diminuant les émissions de dioxyde de carbone lors de nos déplacements professionnels. Certaines entreprises ont aussi adopté la voiture électrique.
Des évolutions législatives récentes impactent-elles le métier ?
Notre travail est impacté, notamment, par la trajectoire de la «Zéro artificialisation nette» (ZAN). Si le terrain est à bâtir, la façon d’urbaniser va être modifiée. Notre expertise permettra de proposer des bonnes solutions d’aménagements et de gestion d’espaces en adéquation avec la loi.