Retour sur les Trophées de CCI France International à Paris
C.S.T et Exotec, exemples régionaux de la réussite à l'export
Lundi 26 juin dernier, deux PME des Hauts-de-France ont brillé par leur présence à l'export. Alors que le Gouvernement pousse les entreprises à passer le cap de l'international – en 2022, le pire déficit commercial enregistré en France s'élevait à -164 milliards d'euros – et que de nouvelles mesures devraient être annoncées pour booster l'export, la région a réussi un doublé aux Trophées de CCI France International à Paris.
Elles ne sont que 145 000
entreprises françaises à exporter – sur les 3,8 millions
d'entreprises présentes sur le territoire selon les chiffres 2022 de
l'INSEE – alors qu'elles sont 350 000 en Allemagne ou 200 000 en
Italie. Certes, cela progresse puisque ce chiffre était de 120 000
l'an dernier mais c'est encore insuffisant pour Olivier Becht, ministre délégué en charge du Commerce extérieur, de
l'attractivité et des Français à l'étranger : «Entre
les prix de l'énergie qui ont triplé sur les marchés, les
centrales à l'arrêt après le Covid, la dépréciation de l'euro
par rapport au dollar, etc., les chiffres du commerce extérieur ne
sont pas particulièrement reluisants. La France doit redevenir une
puissance exportatrice et elle en a les moyens par la
réindustrialisation».
Pour
regagner des parts de marché, la France doit porter haut et fort ses
produits à l'international même si la faiblesse du réflexe
«export»
semble historique : «Dans
nos PME/PMI, de nombreux chefs d'entreprises n'ont pas encore ce
réflexe, pourtant c'est
un risque pour une entreprise de reposer sur un marché unique»
a martelé le ministre, annonçant que le Gouvernement préparait un
plan export pour juillet.
C'est
pour booster les entreprises que CCI France International – et son
réseau de 119 chambres dans 94 pays –, organise
depuis quatre ans les Trophées
CCI France International.
Deux
trophées pour les entreprises des Hauts-de-France
Au
total donc, 7 trophées ont été remis lundi 26 juin dernier au
Pavillon d'Armenonville à Paris. Près de 70 candidats ont concouru
auprès des catégories : Actions RSE des CCI France International ;
Startup ; Entrepreneur français à l'étranger ; Responsabilité
sociétale des entreprises ; Performance à l'export ; implantation
étrangère en France et le Trophée Spécial du Jury.
C'est
dans cette dernière catégorie que CST (Crime Science Technology)
s'est largement illustrée : la PME lilloise de 15 salariés
exporte 95% de son chiffre d'affaires dans un marché de niche :
la «govtech» ou industrie de la sécurité. Une prouesse pour une
toute petite structure qui ne compte pour l'instant que deux
commerciaux... Mais qui compte des clients prestigieux comme le FBI !
C.S.T développe et commercialise des éléments de sécurité pour
les documents d'identité et les billets de banque, ainsi que des
procédés hautement technologiques pour la révélation des traces
et indices qui permettent l'identification des criminels.
«Notre technologie brevetée, O.V.M (Optical Variable Material), est simple à utiliser mais très complexe à réaliser» explique Cosimo Prete, un ancien expert de la police scientifique qui a créé C.S.T il y a 10 ans. L'entreprise a déposé 56 brevets dans le monde et 40 sont en cours de délivrance. Une simple carte – du moins, en apparence – en polycarbonate et qui contient de la poudre à très haute valeur ajoutée permet ainsi de déceler en moins de 5 secondes les vrais papiers des faux, qu'il s'agisse de cartes d'identité, de cartes grises, de timbres fiscaux, etc. Un savoir-faire plébiscité par les forces de l'ordre en Allemagne, en Australie, en Turquie, au Mexique...
Bientôt une seconde levée de fonds pour C.S.T
Cosimo
Prete et ses deux associés, Jérôme Comar et Gauthier Alloyez,
veulent passer à la vitesse supérieure : «On
va doubler voire tripler nos effectifs à moyen terme et muscler
notre force à l'export»
explique le fondateur, en train de préparer une seconde levée de
fonds d'ici la fin de l'année. Le prochain défi de l'entreprise,
celui de la sécurisation des billets de banque mondiaux – et pour
lequel C.S.T fait partie d'un consortium restreint avec les cinq plus
gros leaders du marché mondial des billets – fera encore monter
l'entreprise d'un gap.
Actuellement
fabriqués dans la vallée de la Chevreuse (Yvelines), les produits de
C.S.T pourraient aussi l'être dans les Hauts-de-France. Si Cosimo
Prete se garde de donner une implantation ainsi que son chiffre
d'affaires, il affirme avoir identifié plusieurs sites pour
l'implantation d'une autre entité de production et qu'il reste «très
attaché aux Hauts-de-France»...
Un investissement de l'ordre de plusieurs millions qui induit
également des emplois à très forte ajoutée.
Exotec,
la licorne régionale aux multiples récompenses
Après
la levée de fonds record en janvier 2022 de 335 millions de dollars,
propulsant l'entreprise croisienne dans la liste très prisée des
licornes français, Exotec refait parler d'elle en recevant le prix
de la performance à l'export. L'ETI de 750 salariés – dont
550 en France, répartis sur Croix, Wasquehal et Mons-en-Barœul –
affiche une croissance exponentielle de 80% depuis trois ans, réalise
plus de deux tiers de son chiffre d'affaires (tenu secret) à
l'export, aux Etats-Unis, au Japon, en Europe...
Ces robots truffés de technologie, imaginés par Romain Moulin et Renaud Heitz, sont conçus et fabriqués à Croix. Ils permettent aux acteurs du e-commerce, de l'industrie, du retail... d'optimiser leur logistique avec un robot autonome capable de grimper jusqu'à 12 mètres. «Notre ambition ? Etre le numéro 1 de l'intralogistique d'ici cinq ans. Aujourd'hui, on se positionne parmi les challengers et nous sommes reconnus sur un marché où il y a peu de concurrence. Déplacer de la marchandise dans un entrepôt n'est pas une niche mais la robotisation l'est» abonde Yann Leca, directeur financier chez Exotec. Valorisée à 2 milliards de dollars, Exotec prévoit d'atteindre le millier de salariés à fin 2024.