Implanté à Wervicq-Sud, près de Lille
Du lin au textile, l'innovation de Cousin Surgery au fil des années
Depuis Wervicq-Sud, Cousin Surgery fabrique près de 220 000 implants en chirurgie viscérale et du rachis avec un axe fort : la préservation de la mobilité des patients et la réduction des douleurs post-opératoires. Cet expert du tissu implantable vient de lancer un vaste plan de réindustrialisation en Hauts-de-France.
Du retordage de lin en 1848 par Louis
Cousin dans la filature familiale au textile ultra-technique à
destination de la santé, le pas est immense et pourtant, malgré les
changements de nom et de direction, Cousin Surgery reste un leader
sur son domaine.
D'abord sous le nom de Cousin Médical
puis de Cousin Biotech en 1995 avec le lancement du premier implant
du renforcement pariétal pour le traitement des hernies inguinales
et enfin, Cousin Surgery en 2021, la PME fait partie de ces bio-tech
régionales qui innovent sans cesse.
Une entreprise ouverte sur le monde
L'entreprise de 135 collaborateurs est
aujourd'hui co-dirigée par François Tortel et François Hénin (le
groupe Turenne Capital, entré au capital en 2019, en détient
actuellement 51%, ndlr) et réalise 30 M€ de chiffre d'affaires,
dont 30% à l'international. «Sur
les 220 000 implants que nous fabriquons chaque année, 90 000
partent pour les Etats-Unis via nos distributeurs»
explique François Hénin.
Chaque
année, 250 000 patients partout dans le monde sont soignés avec des
implants made in Wervicq-Sud, site de production qui a déjà
fabriqué près de 3 millions d'implants depuis 30 ans. Parmi les
clients de Cousin Surgery, les centres hospitaliers, les cliniques
privées et des distributeurs spécialisés dans une quarantaine de
pays. Les produits sont élaborés en étroite collaboration avec les
chirurgiens.
Cousin
Surgery est présent sur deux marchés : la
chirurgie viscérale (sur
laquelle l'entreprise est leader)
et celle du rachis.
Fabriqués à 80% à base de textile, les implants chirurgicaux
permettent par exemple de retrouver une vraie mobilité au niveau de
la colonne vertébrale lors d'opérations délicates ou encore de
soigner des hernies inguinales. Le textile est bien mieux toléré
par le corps et n'entrave pas les mouvements de la colonne
vertébrale. Dès les années 1990, Cousin Surgery a misé sur cette
innovation, une vraie révolution à cette époque.
Au
total, quatre tailles différentes d'implants sont méticuleusement
cousus par la trentaine de couturières présentes en salle blanche ;
un univers totalement aseptisé pour coller aux exigences médicales.
«Ce
qui entre dans la salle blanche n'en sort pas sans un contrôle
minutieux»
détaille Jonathan Voet, responsable de production.
Un
plan massif de réindustrialisation
Grâce au Plan de Relance – sur un plan d'investissement de 6 M€, Cousin Surgery a reçu une subvention de 1,9 M€ de l'Etat –, l'entreprise est en train d'implanter une seconde salle de blanche d'une centaine de mètres carrés supplémentaires, pour réintégrer le process dans les Hauts-de-France. «80% de nos fournisseurs sont français, dont 40% en Hauts-de-France. La membrane posée sur les textiles était jusqu'alors réalisée aux Etats-Unis, les tricots étaient fabriqués chez Dylco à Cambrai mais nous avons décidé de tout rapatrier ici, dans une échéance de deux à trois ans» explique François Hénin.
L'idée
? Mieux maîtriser les chaînes d'approvisionnement, éviter les
ruptures tout en réduisant le coût du transport, dans un secteur où
les réglementations sont extrêmement contraignantes. «Pour
trouver et qualifier un nouveau sous-traitant, c'est deux à trois
ans de dossiers réglementaires».
Lavé puis thermofixé, le tricot fabriqué au rez-de-chaussée sera directement relié par un monte-charge à la salle blanche initiale, toujours dans un souci de zéro contamination. Nettoyée tous les jours, la totalité de l'air des salles blanches est renouvelée 30 fois par heure. Dans le cadre de son projet d'entreprise «One Cousin 2025», l'entreprise ambitionne de créer de nouveaux produits sur la chirurgie viscérale et du rachis et de réaliser 40 M€ de chiffre d'affaires.
«Nous essayons de provoquer des rencontres entre notre savoir-faire d'ingénieur et les médecins, pour créer à l'avenir de nouveaux produits en vue d'une chirurgie moins invasive grâce à cette matière souple qu'est le textile» avance François Hénin.