Hébergements insolites en Hauts-de-France
Ecoland à Palluel : un écolieu entre marais et forêt
Se ressourcer dans un lieu inédit, à mille lieux de son quotidien mais sans pour autant parcourir des kilomètres... En Hauts-de-France, près de 250 offres de séjour sur mesure, pour les familles, les couples comme pour les amis, sont proposées sur le site Week-end Esprit Hauts-de-France. La Gazette Nord-Pas-de-Calais en a visité quelques-uns ; la rédaction vous fait découvrir ses coups de cœur.
Situé sur une zone naturelle de 4 000 hectares peuplée d'une vingtaine d'espèces protégées, Ecoland allie dépaysement et respect de la nature. Sur ce site où chaque construction a été savamment pensée pour être la plus écologique possible, se croisent des activités pédagogiques, un espace de restauration locale et des hébergements en pleine nature.
Il a beau avoir parcouru 20 pays et
quatre continents, Thomas Brembor est revenu aux sources, dans son
Arrageois natal, pour y développer un projet ancré dans ses valeurs.
Directeur de séjours de vacances à l'étranger, puis à l'origine
d'une association pour démocratiser le tourisme tout en proposant
des animations auprès du jeune public, il avait déjà cette idée
d'un lieu d'accueil déconnecté du train de vie quotidien.
Il a beau avouer qu'au départ, il
n'imaginait pas créer ce concept dans le Pas-de-Calais, il a
rapidement été séduit par le site anciennement occupé par un
camping, à Palluel, sur la communauté de communes
d'Osartis-Marquion. «Le
maire de l'époque, Jean-François Lemaire, cherchait un repreneur
pour ce camping laissé à l'abandon. Pendant un an, on a travaillé
sur le concept avec la communauté urbaine d'Arras», se rappelle-t-il.
Ensuite,
tout s'est enchaîné très vite : avec sa compagne Perrine, Thomas
Brembor participe au Creathon 2019, un concours organisé par la communauté urbaine d'Arras, qui récompense les initiatives
innovantes. C'est avec une place de lauréat que le couple monte donc
un dossier d'études techniques et financières pour valider le
projet. Une année durant laquelle Thomas Brembor a d'ailleurs pu
mettre à profit ses compétences acquises lors de son expérience à
la BGE en tant qu'accompagnateur de porteurs de projets. Deux ans
après, le résultat est aujourd'hui à la hauteur des ambitions, avec un site en amélioration continue.
«Pas
besoin d'être militant pour adhérer au concept»
Cet
écolieu d'1,2 hectare, situé juste en face d'un marais et à deux
pas d'une forêt, propose six hébergements insolites. Et l'insolite
commence dès le bâtiment d'accueil, estampillé «Super Adobe»,
premier site en France à bénéficier de cette technique de
construction imaginée il y a 20 ans par un architecte iranien.
«Les
murs sont constitués de 1 300 sacs remplis de terre et d'argile. La
terre nordiste s'y prête d'ailleurs très bien ! C'est écologique
en termes d'émissions grises et c'est une masse thermique : la terre
emmagasine la fraîcheur la nuit et la redistribue. Résultat, en
hiver nous n'avons besoin que de très peu de chauffage.»
Pour fabriquer ce bâtiment – qui sert aussi de lieu de
restauration – Thomas Brembor a fait appel à des personnes venues
de toute la France pour mettre la main à la pâte via un chantier
participatif.
Doté
d'une microferme, d'une terrasse avec vue sur le marais, d'un
restaurant d'une trentaine de couverts qui se fournit avec les
récoltes du potager en permaculture... Ecoland compte donc six
hébergements insolites : un ancien conteneur maritime, une tiny
house, une yourte, une bulle, un tipi et une kerterre (une habitation
en chanvre et en chaux). «Nous
avons ouvert en juin 2021. Malgré les restrictions l'an dernier, le
site a tout de suite plu. Les touristes veulent revenir à des choses
plus simples, proches de chez eux. Et ce sont d'ailleurs les locaux
qui sont nos premiers clients ! Les logements sont pleins au moins
deux mois à l'avance», se félicite Thomas Brembor.
Un
pôle recherche pour ancrer la démarche
Thomas
Brembor a de belles ambitions pour son Ecoland qu'il souhaite à la
fois touristique, pédagogique, mais surtout ancré dans des
convictions écologiques : «Notre
pôle recherche travaille à créer un écolieu de manière
scientifique : comment imaginer des bâtiments et des modes de vie
sans polluer et tout en préservant la planète ? La solution n'est
pas uniquement technique, il y a toute une organisation sociale à
mettre en place.»
A
terme, il espère installer sur le site une
maison autonome et partagée,
low tech, où les habitants vivraient en autogestion. «Mais
attention, on veut le faire de manière très sérieuse et pas du
tout marginale. Il n'y a pas besoin d'être militant pour adhérer au
concept», prévient-il.
Dans ce laboratoire grandeur nature – porté par l'association
Graine d'évolution, créée par Thomas Brembor –, il sera question
d'organiser des ateliers et de tisser les prémices d'une autre
façon de vivre ensemble.