Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Implanté à Villeneuve d'Ascq et Desvres

Herbeau : une entreprise familiale tournée vers l'international

Auparavant sous le giron du groupe lillois Winckelmans, l'entreprise familiale Herbeau a été rachetée l'an dernier par son dirigeant actuel, Lionel Herbeau. Le fabricant d'appareils sanitaires haut de gamme, à qui l'on doit notamment la robinetterie et la céramique de la Villa Cavrois, fait perdurer, depuis Villeneuve d'Ascq et Desvres, son savoir-faire depuis 1857.

©Lena Heleta
©Lena Heleta

Début XIXème siècle, l'entreprise Herbeau comptait près de 200 salariés. On lui devait alors la construction du réseau d'eau sanitaire du Nouveau Siècle ou l'acheminement des fluides hospitaliers du CHR de Lille. «La toute première génération de l'entreprise a été créée par un plombier pour l'eau chaude sanitaire et l'éclairage de ville. A cette époque sont apparues les premières salles de bain, qu'il a fallu équiper et c'est comme ça qu'est née Herbeau» explique Thierry Herbeau, cinquième génération, arrivé à la tête de l'entreprise en 2005.

Son grand-père reprend l'entreprise après guerre, suivi de son père qui fera évoluer l'activité vers l'univers de la cuisine équipée avec la fabrication en céramique et d'un lave-mains décoré par un faïencier de Desvres. «Avec le marché émergent des salles de bain, l'entreprise est passée à la faïence – moins poreuse que la céramique – et mon père a monté sa propre unité de production à Desvres : fabrication de lavabos, de cuvettes de toilettes et d'accessoires, à la fois sous notre marque mais aussi pour d'autres».

C'est encore aujourd'hui le savoir-faire de l'entreprise familiale, qui dispose de deux sites : celui de Desvres – avec six salariés – et Villeneuve d'Ascq pour la robinetterie (huit collaborateurs). On peut par exemple trouver la robinetterie de chez Herbeau dans les chambres de l'hôtel d'Eurodisney, dans des suites de châteaux aux Ètats-Unis, ou encore sur quelques produits du musée Yves-Saint-Laurent de Marrakech et dans l'ancien appartement d'Uma Thurman à New York.

60% du chiffre d'affaires à l'export

En entrant dans la société en 1997, Lionel Herbeau met l'accent sur le grand export, dans une entreprise qui exportait déjà massivement son activité : «Notre ADN, c'est l'international. A cette époque, nous avions massifié le réseau de distribution mais il y a eu ensuite de moins en moins d'indépendants.»

On retrouve les robinets d'Herbeau dans des hôtels de luxe, un peu partout dans le monde. ©Lena Heleta

C'est la période du trou d'air pour Herbeau qui entre en décroissance pendant 10 ans et subit de plein fouet la crise des subprimes de 2008. «Nous étions petits et n'avions pas les fonds nécessaires. En 2012, j'ai cherché un industriel pour nous aider et je me suis rapproché de Winckelmans, fabriquant régional haut de gamme de carrelages» poursuit-il. Devenue une filiale du groupe lillois, Herbeau se restructure. «L'idée n'était pas que Winckelmans reste actionnaire ; nous avions prévu de reprendre notre indépendance dès que c'était possible».

Des produits durables et réparables

L'an dernier, Lionel Herbeau rachète donc sa propre entreprise et décide d'investir sur sa mutation, avec une feuille de route à horizon 2030. «Nous nous sommes inscrits dans la Convention des Entreprises pour le Climat parce que nos ressources sont limitées. Ce n'est pas simple pour une entreprise comme nous, qui devons fondre la céramique à 1 200 degrés, même si on optimise nos cuissons. Depuis toujours, nous proposons la réparabilité des produits mais il faut aller plus loin. On veut que notre croissance soit la plus vertueuse possible» indique-t-il.

D'une durée de vie d'au moins 50 ans, les produits d'Herbeau sont évidemment réparables : demain, l'entreprise imagine aussi pouvoir récupérer le laiton d'un ancien robinet ou encore racheter du matériel pour en faire du reconditionné à prix moindre. Sur la céramique, des tests sont faits sur des géopolymères. Aujourd'hui, l'entreprise affiche un chiffre d'affaires d'1,5 million d'euros : «Dans les années 2005, on était autour des 7 millions d'euros. Il n'y a aucune raison de ne pas les atteindre, je souhaite rendre l'entreprise prospère. Nous sommes les deux derniers acteurs français sur ce marché. Mais aujourd'hui il ne suffit plus de dire que l'on fabrique en France pour vendre. Il faut aller plus loin».

D'une durée de vie d'au moins 50 ans, les produits d'Herbeau sont évidemment réparables. © Lena Heleta