Rencontre avec Karine Debove, fondatrice de Loquendi
«La gestion d'une entreprise ne doit pas reposer uniquement sur sa dirigeante»
À la tête de Loquendi durant une vingtaine d'années, Karine Debove se lancera bientôt dans une nouvelle aventure entrepreneuriale après la cession de son entreprise. Passionnée par les langues étrangères et la multiculturalité, la dirigeante revient sur le succès de sa PME qui a compté jusqu'à une cinquantaine de salariés.
C'est une nouvelle étape dans la vie
de dirigeante : celle de la transmission. Un acte loin d'être anodin
qui a nécessité plusieurs années de préparation. «J'étais
la seule actionnaire de Loquendi. Le marché de la formation en
langues s'est profondément transformé, surtout d'un point de vue réglementaire, je ne m'imaginais pas y finir ma carrière alors j'ai préparé
la transmission bien en amont».
Loquendi
propose des formations sur mesure en langues étrangères : prise en
compte du niveau du stagiaire mais également étude des situations
professionnelles rencontrées. «J'avais
constaté que les écoles de langues étaient trop généralistes et
ne s'intéresseraient pas forcément au quotidien des
collaborateurs. Un chef de projet dans l'industrie n'aura pas besoin
des mêmes éléments de langage que celui dans l'informatique. On a
donc développé un process pour passer du temps avec les apprenants avant la mise en place des parcours et identifier ces situations de façon ciblée»
se rappelle Karine Debove, élevée dans la culture de la langue
anglaise et française.
30
000 heures de formations
Elle
crée donc Loquendi en 2000, à Villeneuve d'Ascq : planning,
contenu, lieu, format... tout est calé sur le stagiaire, avec des
formations pouvant aller de quelques heures jusqu'à plusieurs mois.
Au total, jusqu'à 30 000 heures de
formations par an ont été dispensées auprès de grandes enseignes du
retail, à l'image de La Redoute, Nocibé, KingFisher,
Euratechnologies, Ankama... Loquendi a compté en moyenne une
quarantaine de salariés, majoritairement des enseignants, pour un
chiffre d'affaires pouvant atteindre près de 2,5 millions d'euros, en France
mais aussi pour de grands comptes au Royaume-Uni.
Aujourd'hui
Loquendi va vivre une seconde vie puisque la PME a été récemment
rachetée par le groupe parisien Intercountry, qui souhaite
s'implanter dans les Hauts-de-France. Une cession que Karine Debove a
vécu avec sérénité : «Adosser Loquendi à un plus grand
groupe était une option intéressante pour se développer, je
n'avais pas l'ambition d'absorber d'autres acteurs et l'occasion
s'est présentée avec Intercountry. Pour les clients, cela ne
changera rien, car Loquendi restera Loquendi. Si on doit passer la
main, l'entreprise doit être structurée, c'est essentiel, tout ne doit
pas reposer uniquement sur le chef d'entreprise».
Cette expérience d'entrepreneuse qui «a rythmé (ma) vie», Karine Debove souhaite la mettre au service de nouveaux projets, sans pour l'instant en avoir choisi un en particulier : elle se consacrera d'abord à la création d'un lieu d'accueil pour des événements d'entreprises et des formations, au sein des bureaux dont elle est propriétaire à Villeneuve d'Ascq. Elle pourrait aussi reprendre des études en psychologie du travail ou ouvrir un petit commerce en lien avec ses origines. «Je vais me lancer sans pression. Ce serait difficile pour moi de redevenir salariée» sourit-elle.