Le Cateau-Cambrésis héberge la plus grande école de cascadeurs au monde

Fils de professeur d'EPS, Lucas Dollfus baigne toute son enfance dans le sport, notamment la gymnastique. Après le bac, le natif de Nantes s'inscrit dans la seule école de cascadeurs de France. «J'ai toujours rêvé d'être cascadeur. Quand je débarque à Paris, mon rêve s'effondre. Cette école, c'était tout ce que je détestais : une ambiance individualiste et aucun professionnel du métier pour nous encadrer.». Il imagine alors son «école de rêve», inspirée d'un campus à l'américaine, et monte un site internet. 

«Je voulais juste montrer le projet à mes parents pour qu'ils comprennent ce que j'avais imaginé. Ce jour-là, ils m'ont dit de creuser et de tout faire pour y arriver», raconte Lucas Dollfus. A seulement 21 ans, il obtient un prêt bancaire et monte son projet à Villeneuve-sur-Lot, près d'Agen. En 2016, il déménage au Cateau-Cambrésis : «Une superbe opportunité se présentait, à deux pas des champs mais à 2 heures de Paris, de Londres, des Pays-Bas et de la Belgique.» Une position géographique stratégique pour attirer des élèves français et internationaux, des comédiens, des entraîneurs et des équipes de cinéma.

8 M€ investis ces cinq dernières années

Si 1 million d'investissement permet de réhabiliter le bâtiment, environ 8 millions d'euros ont été injectés ces cinq dernières années pour transformer le campus en véritable école à l'américaine. Aujourd'hui, sur ce terrain de 5 hectares au Cateau-Cambrésis, on retrouve une salle d'entraînement principale, une deuxième salle polyvalente, trois dojos, une salle d'escalade, un hangar de tournage, un espace extérieur, un terrain pour cascade mécanique et engins motorisés, ou encore un grand manège couvert avec écuries et chevaux. 

Les 80 élèves accueillis par stage – contre 40 élèves en 2016 - et les multiples équipements font du Campus Univers Cascade le plus grand centre de formation de cascadeurs au monde. «Les équipes de cinéma viennent dénicher des talents chez nous. On retrouve nos élèves dans des films comme Fast & Furious 10, Ant-Man, John Wick, Matrix ou encore Mission Impossible», indique le directeur du campus.

«Un métier en devenir»

Le programme forme à tout type de cascade physique, à la fois les chutes au sol, d'escalier, de hauteur, les acrobaties, les percussions voiture, les éjections de véhicule en marche, les combats ou encore les cascades mécaniques. «Nous sommes en mesure de leur apprendre tout ce dont le corps humain est capable de faire et tout ce qu'exige le monde du cinéma et du spectacle. Car, malgré l'essor des effets spéciaux et du travail VFX, on aura toujours besoin de l'humain, c'est un métier en devenir.» Issus régulièrement des arts martiaux, de la gymnastique ou du parkour, les futurs cascadeurs n'ont pas tous le même profil. «Ce n'est plus pareil qu'il y a dix ans, il y a tellement de profils différents, nous avons aussi des profils lambda.»

Féminisation du milieu

Si les formations étaient jusqu'à présent essentiellement francophones, le campus a lancé cet été des sessions anglophones en raison de la forte demande internationale. «Aujourd'hui, la demande est déjà trop importante, il n'y a plus de place avant 2024.» Ouvert pendant les vacances scolaires, le campus est doté d'un internat de 110 lits, «chose qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde», indique le directeur, Lucas Dollfus. Il faut compter 1 600 euros tout compris pour le stage de douze jours. La formule de dix stages répartis sur deux ans attire toujours plus de candidats, mais la direction est obligée de sélectionner les profils à l'issue du premier stage tant la demande est grande. 

«A chaque stage nous intégrons 18 nouveaux élèves et en sélectionnons 9. L'état d'esprit compte plus que les compétences. Le futur cascadeur doit être polyvalent, avec un esprit d'équipe et humble car c'est un métier où l'on reste dans l'ombre», résume le directeur du campus. Aujourd'hui, chaque session de stage compte 30% de femmes. «Les femmes sont devenues importantes dans le cinéma, elles sont passées au premier plan, donc, forcément, nous avons de plus en plus de demandes de femmes qui se sentent davantage concernées par le milieu."

Partenariats stratégiques

Sponsorisé par Nike ou encore Redbull, le campus est également partenaire du Parc Astérix et de Disneyland Paris, notamment dans le cadre de son nouveau projet Marvel. «Disney peut privatiser le campus pour des casting afin de trouver le nouveau Spiderman par exemple», glisse Lucas Dollfus. Depuis quelques années, le campus s'est fait un nom sur la scène internationale et ne compte pas s'arrêter là. Un nouveau bâtiment devrait sortir de terre d'ici deux à trois ans sur le campus pour pouvoir héberger davantage d'étudiants mais aussi des équipes de cinéma venus des quatre coins du monde, à l'image de professionnels de Bollywood présents au Cateau-Cambrésis cet été.

Découvrez le campus Univers Cascades également en vidéo : https://youtu.be/UtqYVZ1Fb08