Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Retour sur Vivatech 2024

Les Hauts-de-France au sommet de la tech

Pour la première fois, la MEL et le Pôle Métropolitain de l'Artois faisaient stand commun lors de Vivatech, le salon dédié aux nouvelles technologiques, du 22 au 25 mai derniers à Porte de Versailles. 35 start-ups se sont relayées sur quatre jours pour présenter leurs projets au rendez-vous mondial de la tech.

Pour cette édition 2024, près de 165 000 visiteurs sont venus sur Vivatech. © Miguel Medina-AFP
Pour cette édition 2024, près de 165 000 visiteurs sont venus sur Vivatech. © Miguel Medina-AFP

Aussi étonnant que cela puisse paraître en écho à la densité des écosystèmes sur son territoire, la MEL (Métropole Européenne de Lille) n'avait encore jamais été présente sur Vivatech. C'est désormais chose faite pour cette édition 2024 et c'est en collaboration avec le Pôle Métropolitain de l'Artois (PMA) – qui signe ici sa seconde participation – que 24 start-ups de la MEL ont exposé avec les 11 entreprises du PMA. Une véritable vitrine pour les entrepreneurs de domaines divers et variés : mobilité, médical, sécurité, tourisme, audiovisuel...

«Il y a deux ans, la CABBALR (Communauté d'Agglomération Béthune Bruay Artois Lys Romaine) était venue sur Vivatech. Le PMA y a participé l'an dernier et cette année, nous sommes encore présents, avec la MEL, pour accompagner le développement économique du territoire» explique Alain Bavay, président du PMA.

L'éco-transition comme fer de lance

En trois ans et depuis ses trois sites – Lens, Béthune et Oignies – le PMA a accompagné une trentaine de start-ups, en incubation ou en accélération. Toutes ont la particularité de s'être positionnées sur l'éco-transition. «On cherche des projets autour de la transition durable, avec évidemment de l'innovation sur notre territoire qui compte pas moins de 32 000 entreprises mais aussi plusieurs laboratoires de recherche» détaille Olivier Marlière, responsable développement au PME. Zoom sur trois pépites régionales présentes à Vivatech.

C'est par exemple le cas de Solar Cub, porté par Sylvain Pelegris et incubé à Béthune. L'entrepreneur, déjà à la tête de Stock Fluide, a imaginé une cuve de stockage d'eau mais autonome en énergie, d'une capacité de 200 à 900 litres. «Elle est autosuffisante grâce aux panneaux solaires et n'émet aucun CO2» explique le fondateur.

Son principal marché : les collectivités, le BTP ou encore l'industrie, avec une économie d'eau estimée à 50% sur l'arrosage. En pleine recherche de fonds pour accélérer son développement, Sylvain Pelegris envisage de travailler sur une cuve en acier inoxydable, qui sera donc recyclable.

Plume, la trottinette majoritairement fabriquée en région

Dans un autre domaine, Fabrice Furlan, CEO de Plume, à Saint-André-lez-Lille, a imaginé un modèle de trottinette électrique plus agile et plus intermodal et surtout, fabriqué à 80% dans les Hauts-de-France. Cet ancien de Decathlon – il a notamment dirigé l'offre internationale d'Oxelo, la marque dédiée à la glisse urbaine – se veut une alternative durable aux produits fabriqués en Chine. «Le châssis et l'assemblage final sont faits à Roubaix, les pièces en résine sont injectées à Neuville-en-Ferrain et l'électronique vient de Béthune» explique-t-il.

Fabrice Furlan, CEO de Plume.

1 million d'euros a été déjà été investi dans l'outillage de fabrication et la commercialisation de l'engin défini par son fondateur comme «premium accessible», a commencé début 2024, avec deux modèles : l'un, d'une autonomie de 40 km, l'autre de 70. En 2030, le fondateur ambitionne d'avoir vendu 200 000 engins pour un chiffre d'affaires autour des 15 M€, en multipliant les points de vente et en allant à l'international. La PME de 8 salariés est en cours de levée de fonds et prévoit également de proposer des accessoires comme des casques connectés. Actuellement, l'entreprise a une capacité de 30 engins par jour. «On travaille également sur un nouveau produit pour 2026 et un vélo cargo en 2028, à destination de la logistique urbaine.

Tibeka Protections : le tissage haute performance

La start-up, fondée par Stéphane Bellamy, Bertrand Meslier et Mulat-Alubel Abtew et incubée à Euramaterials (Tourcoing), mise sur un marché de niche : la conception de produits de protection hautes performances, à l'image des gilets pare-balles. «Il n'y a pas de protection balistique pour les femmes et parfois, elles font le choix de pas porter de protection parce que ça les compresse et que cela n'épouse pas leurs formes» explique Bertrand Meslier.

Tibeka Protections a donc développé un tissu technique innovant à absorption d'impact à l'aide d'une structure de «tissage interlock 3D brevetée» : l'innovation de ce tissu repose sur un agencement et une architecture spécifique de fibres hautes performances conférant au tissu des propriétés techniques et mécaniques jusqu'alors incompatibles.

Bertrand Meslier et Stéphane Bellamy, deux des trois co-fondateurs de Tibeka Protections.

«Nous sommes avant tout des tisseurs. On tisse du twaron (une fibre de type Kevlar®), une fibre très résistante. C'est le tissage qui donne toute la technicité au produit : nous tissons 55 fils par centimètre» explique-t-il. Le tissu – déjà en test auprès de la DGA (Direction Générale de l'Armement) – est ainsi capable d'absorber jusqu'à 93% de l'énergie cinétique générée à l'impact mais surtout, il s'ajuste par pliage, formage ou moulage, à toutes les formes morphologiques et matérielles.

Pour l'instant tissé en Belgique, l'idée est de rapatrier la ligne de production à Euramaterials d'ici deux ans et demi, avec des premières ventes prévues fin 2024. «Nos concurrents ne sont pas en France car il n'y a pas de compétences en tissu balistique. Nous sommes en concurrence avec des tisseurs indiens et asiatiques» poursuit Bertrand Meslier. D'autres secteurs sont envisagés par les trois co-fondateurs : les vêtements de sécurité, le domaine sportif...