Retour sur Vivatech 2024
Les Hauts-de-France au sommet de la tech
Pour la première fois, la MEL et le Pôle Métropolitain de l'Artois faisaient stand commun lors de Vivatech, le salon dédié aux nouvelles technologiques, du 22 au 25 mai derniers à Porte de Versailles. 35 start-ups se sont relayées sur quatre jours pour présenter leurs projets au rendez-vous mondial de la tech.
Aussi étonnant que cela puisse
paraître en écho à la densité des écosystèmes sur son
territoire, la MEL (Métropole Européenne de Lille) n'avait encore
jamais été présente sur Vivatech. C'est désormais chose faite
pour cette édition 2024 et c'est en collaboration avec le Pôle
Métropolitain de l'Artois (PMA) – qui signe ici sa seconde
participation – que 24 start-ups de la MEL ont exposé avec les 11
entreprises du PMA. Une véritable vitrine pour les entrepreneurs de
domaines divers et variés : mobilité, médical, sécurité,
tourisme, audiovisuel...
«Il
y a deux ans, la CABBALR (Communauté d'Agglomération Béthune Bruay
Artois Lys Romaine) était venue sur Vivatech. Le PMA y a participé
l'an dernier et cette année, nous sommes encore présents, avec la
MEL, pour accompagner le développement économique du territoire»
explique Alain Bavay, président du PMA.
L'éco-transition
comme fer de lance
En trois ans et depuis ses trois sites – Lens, Béthune et Oignies – le PMA a accompagné une trentaine de start-ups, en incubation ou en accélération. Toutes ont la particularité de s'être positionnées sur l'éco-transition. «On cherche des projets autour de la transition durable, avec évidemment de l'innovation sur notre territoire qui compte pas moins de 32 000 entreprises mais aussi plusieurs laboratoires de recherche» détaille Olivier Marlière, responsable développement au PME. Zoom sur trois pépites régionales présentes à Vivatech.
C'est
par exemple le cas de Solar Cub, porté par Sylvain Pelegris et
incubé à Béthune. L'entrepreneur, déjà à la tête de Stock
Fluide, a imaginé une cuve de stockage d'eau mais autonome en
énergie, d'une capacité de 200 à 900 litres. «Elle est
autosuffisante grâce aux panneaux solaires et n'émet aucun CO2»
explique le fondateur.
Son
principal marché : les collectivités, le BTP ou encore l'industrie,
avec une économie d'eau estimée à 50% sur l'arrosage. En pleine
recherche de fonds pour accélérer son développement, Sylvain
Pelegris envisage de travailler sur une cuve en acier inoxydable, qui
sera donc recyclable.
Plume,
la trottinette majoritairement fabriquée en région
Dans
un autre domaine, Fabrice Furlan, CEO de Plume, à
Saint-André-lez-Lille, a imaginé un modèle de trottinette
électrique plus agile et plus intermodal et surtout, fabriqué à 80% dans les Hauts-de-France. Cet ancien de Decathlon – il a
notamment dirigé l'offre internationale d'Oxelo, la marque dédiée
à la glisse urbaine – se veut une alternative durable aux produits
fabriqués en Chine. «Le châssis et l'assemblage final sont
faits à Roubaix, les pièces en résine sont injectées à
Neuville-en-Ferrain et l'électronique vient de Béthune»
explique-t-il.
1
million d'euros a été déjà été investi dans l'outillage de
fabrication et la commercialisation de l'engin défini par son
fondateur comme «premium accessible», a commencé début
2024, avec deux modèles : l'un, d'une autonomie de 40 km, l'autre de
70. En 2030, le fondateur ambitionne d'avoir vendu 200 000 engins
pour un chiffre d'affaires autour des 15 M€, en multipliant les
points de vente et en allant à l'international. La PME de 8 salariés
est en cours de levée de fonds et prévoit également de proposer
des accessoires comme des casques connectés. Actuellement,
l'entreprise a une capacité de 30 engins par jour. «On
travaille également sur un nouveau produit pour 2026 et un vélo
cargo en 2028, à destination de la logistique urbaine.
Tibeka
Protections : le tissage haute performance
La
start-up, fondée par Stéphane Bellamy, Bertrand Meslier et
Mulat-Alubel Abtew et incubée à Euramaterials (Tourcoing), mise sur
un marché de niche : la conception de produits de protection hautes
performances, à l'image des gilets pare-balles.
«Il n'y a pas de protection balistique pour les femmes et parfois,
elles font le choix de pas porter de protection parce que ça les
compresse et que cela n'épouse pas leurs formes» explique Bertrand
Meslier.
Tibeka Protections a donc développé un tissu technique innovant à absorption d'impact à l'aide d'une structure de «tissage interlock 3D brevetée» : l'innovation de ce tissu repose sur un agencement et une architecture spécifique de fibres hautes performances conférant au tissu des propriétés techniques et mécaniques jusqu'alors incompatibles.
«Nous
sommes avant tout des tisseurs. On tisse du twaron (une fibre de type
Kevlar®),
une fibre très résistante. C'est le tissage qui donne toute la
technicité au produit : nous tissons 55 fils par centimètre»
explique-t-il. Le tissu – déjà en test auprès de la DGA
(Direction Générale de l'Armement) – est
ainsi capable d'absorber jusqu'à 93% de l'énergie cinétique
générée à l'impact mais surtout, il s'ajuste par pliage, formage
ou moulage, à toutes les formes morphologiques et matérielles.
Pour l'instant tissé en Belgique, l'idée est de rapatrier la ligne de production à Euramaterials d'ici deux ans et demi, avec des premières ventes prévues fin 2024. «Nos concurrents ne sont pas en France car il n'y a pas de compétences en tissu balistique. Nous sommes en concurrence avec des tisseurs indiens et asiatiques» poursuit Bertrand Meslier. D'autres secteurs sont envisagés par les trois co-fondateurs : les vêtements de sécurité, le domaine sportif...