Entretien avec Holger Foöelsing, directeur de Aldi Cuincy
Les Hauts-de-France, berceau historique d'Aldi en France
C'est à Croix dans la métropole lilloise qu'Aldi a ouvert son premier magasin français en 1988. Depuis, l'enseigne allemande a essaimé partout en Hauts-de-France au point de retrouver un magasin tous les trois kilomètres dans le bassin minier. À la tête de la centrale Aldi de Cuincy depuis 2009, Holger Foöelsing nous livre son regard sur les enjeux actuels et dévoile les projets en cours du discounter dans la région.
Que
représente l'enseigne Aldi en Hauts-de-France, deuxième région
française avec 181 magasins juste derrière l'Île-de-France et ses
197 magasins ?
Deux
centrales sont installées en Hauts-de-France, représentant près de
200 magasins. L'entrepôt de Cuincy dans le Douaisis est la première
centrale de France. Elle existe depuis 1991, et a fait l'objet d'un
agrandissement en 2012. Aujourd'hui, elle s'étend sur 33 000 m² et
gère 86 magasins. La deuxième centrale est située à Bois-Grenier
sur 45 000 m². Elle gère 83 magasins et a été agrandie en 2023.
L'histoire d'Aldi a commencé par les Hauts-de-France car il y avait
une densité de population intéressante tout comme une densité de
commerce importante. Aujourd'hui, on retrouve un Aldi tous les trois kilomètres dans le bassin minier, contre un Aldi tous les 80 km dans
le Sud. La France compte 1 300 magasins. L'ambition dans deux à trois ans
est d'ouvrir 400 magasins supplémentaires et faire que chaque
Français puisse arriver dans un Aldi en 15 minutes. C'est un
objectif ambitieux mais réaliste.
Quels
sont les projets d'Aldi en cours sur le territoire régional ?
Chaque
année, 50 à 60 millions d'euros sont investis pour moderniser,
construire ou transférer les magasins en région. Trois projets de
construction et de modernisation verront le jour, à Wallers le 10
juillet, à Valenciennes le 17 juillet – projet de reconstruction –
et à Aulchain le 28 août. Le critère qui compte le plus pour nous, c'est l'emplacement.
Aldi
recrute t-il en région ?
Le
recrutement est plutôt en stand by actuellement. À chaque ouverture,
il faut compter entre trois et quatre embauches supplémentaires. Chez Aldi,
nous avons la particularité de posséder notre propre flotte de
camions et nos propres chauffeurs, 60 personnes dont 11% de femmes.
Entre 2009 et 2024, nous sommes passés de 600 à 1 000
collaborateurs à Cuincy et nous avons également quasiment doublé
en région pour atteindre un effectif de 2 000 personnes. Le nombre
d'alternants a également été multiplié par deux.
Quelle
stratégie suit Aldi en termes d'offre ?
Nous
proposons l'un des plus petits assortiments de produits du marché.
80% de ces produits sont issus de France, le lait est 100%
français, le porc et le bœuf également, et le poulet à 80%. Nous
adaptons également notre offre à la clientèle et chaque culture.
Dans le Nord par exemple, nous proposons beaucoup d'endives, de
pommes de terres, de pommes et de poires. Pour cela, nous travaillons
avec des coopératives régionales depuis près de 30 ans. On est
fiers de pouvoir compter sur 850 à 900 PME avec lesquelles nous avons
des collaborations de minimum 5 ans. Nous avons une vraie volonté de
travailler avec l'écosystème local et les producteurs régionaux
pour proposer des produits du territoire.
L'année
2024 a démarré tambour battant avec la crise agricole et le
contexte inflationniste. Quel a été l'impact ?
Le
début d'année a été très compliqué. Les clients se sont mis en
retrait, chacun tente de faire des économies dans le contexte
inflationniste que l'on connait. Chaque enseigne a baissé ses prix
mais ce n'est pas forcément les discounters qui sont sortis gagnants
de la crise inflationniste. Leclerc par exemple a gagné plus de
parts de marché. Après une inflation qui a frôlé les 8% en 2023,
on est plutôt aux alentours de 2% en 2024. On retrouve la normalité,
les clients reviennent mais avec modération, c'est à dire moins de
volumes et des paniers d'achat plus bas.
Quelle
trajectoire de croissance suit l'enseigne en Hauts-de-France ?
Le
premier semestre 2023 a été positif, le deuxième beaucoup plus
difficile mais il y a tout de même eu de la croissance en 2023. Il
faut savoir que depuis 2015, le chiffre d'affaires a augmenté
d'environ 30%. Depuis 2009, en tant que directeur, j'ai réalisé 80
projets. À la fois du neuf, de la construction et du transfert. Cela
prouve le dynamisme de l'enseigne sur le territoire régional. L'ADN
d'Aldi est de rester simple avec un parcours client classique et deux à
trois choix maximum par produit. L'innovation n'est pas au cœur de la
politique du groupe.
Quelles
sont vos ambitions à la tête de Aldi à l'échelle régionale ?
Continuer ce que fait Aldi depuis 1988. A horizon 2029, notre plus gros enjeu est de remplacer les départs en retraite par la nouvelle génération. Celle-ci n'est pas plus difficile à manager, c'est une approche différente. Ils posent beaucoup plus de questions et on est là pour les guider.