Celeos et CocoLodge : deux pépites prometteuses made in Lille

Celeos ou le futur copilote des chirurgiens

En arrivant au laboratoire PRISM de l’Université de Lille, Philippe Saudemont réalise très vite, qu'il peut aller au-delà d'une thèse de doctorat. «Les professeurs Salzet et Fournier à l'origine de cette technologie ont une fibre entrepreneuriale et ont tout de suite dit : il faut qu'on crée une start-up. Ils ont senti qu'il y avait un marché à prendre et des vies à sauver». Après une étape de maturation du projet avec la SATT Nord, et une incubation chez Eurasanté, Celeos a été créé en 2023 pour répondre à un besoin précis : le manque d'information dont dispose le chirurgien pendant les opérations de retrait des cancers. «Notre technologie unique, appelée SpiderMass, permet au chirurgien de savoir en seulement quelques secondes si un tissu est normal ou cancéreux. Jusqu'à présent, il y avait très peu d'informations à ce niveau-là, expliquant pourquoi au minimum une personne sur cinq doit être réopérée».

Grâce à une approche qui présente plusieurs composantes, un laser qui permet de vaporiser la surface des tissus, et un appareil qui permet d’obtenir une signature moléculaire, comme une empreinte. «Cet appareil s'appelle un spectromètre de masse, c’est une sorte de balance moléculaire super précise» précise le dirigeant. L'outil prendra la forme d'un chariot d'analyse, type échographe, et sera utilisé au bloc opératoire. «Le chirurgien dispose d'une sonde qui lui permet de viser les tissus qu'il veut analyser, il appuie sur une gâchette, le laser tire, l’appareil aspire les molécules et on donne un résultat» résume Philippe Saudemont. Cette solution permettra de traiter plusieurs cancers, à commencer par le cancer de l'ovaire, souvent détecté à un stade déjà avancé et qui cause en moyenne 60% de décès. «Notre technologie à la grande force de pouvoir être utilisée pour répondre à plus de vingt cancers différents».

Cette technologie représente également un intérêt pour d'autres secteurs d'activités. «Nous avons plus de prétention que seulement soigner le cancer, car notre technologie peut être utilisée dans plein de contextes différents : tout ce qui nécessite de faire de longues et coûteuses analyses de laboratoire par des spécialistes, pourrait être fait n’importe où et en quelques secondes». La solution permettrait d'analyser par exemple des aliments à la recherche de leur origine ou de pesticides. Pour cela, les équipes envisagent à terme de rendre le système mobile. «Nous avons déjà signé une licence sur notre technologie pour qu’elle soit déclinée dans ces domaines par des industriels, ce qui permet à Celeos de se focaliser sur le dispositif médical et de générer des revenus». Fort de 3 brevets, de 18 publications scientifiques, et d’une preuve de concept en bloc opératoire vétérinaire sur des patients chiens, Celeos prévoit de mettre le système entre les mains des chirurgiens dès 2025 dans le cadre de ses premières études cliniques. La start-up à vocation internationale ne se fixe aucune limite car «le besoin existe dans tous les pays, et pour tous les patients du monde».

La jeune pousse, qui passera dans quelques mois de 4 à 7 personnes, est toujours à la recherche de nouveaux profils notamment un alternant en affaires réglementaires. Grâce aux structures comme Hodéfi et Réseau Entreprendre Nord, Philippe a bénéficié d'un accompagnement et d’une belle enveloppe financière. «Ça représente un très beau tremplin, j’ai pu mettre cet argent dans l'entreprise et obtenir d’autres financements». Le centre Oscar Lambret est un partenaire historique, «c'est la première fois que le centre Oscar Lambret souhaite investir dans une start-up, c'est un gros signal de voir que les praticiens croient en notre technologie» se réjouit Philippe Saudemont. Celeos réalise actuellement un tour de table de 900 k€ auprès de différents investisseurs privés. «Nous sommes à la recherche des derniers investisseurs, il nous manque 100k et en tant que jeune entreprise innovante, il est très intéressant d’investir chez nous» conclut le CEO.

CocoLodge conjugue tourisme et agriculture

Proposer une plateforme d'agritourisme insolite aux agriculteurs : tel est le défi que s'est lancé Coralie Tricart. C'est en 2022 que cette jeune Lilloise (29 ans) a fondé CocoLodge, le partenaire unique dédié à tous types d'agriculteurs partout en France désireux de se lancer dans une activité d'agritourisme. À l'origine de cette start-up, Coralie Tricart est partie de deux grands constats dans le monde agricole : «Les agriculteurs sont confrontés à des difficultés pour diversifier leur activités et augmenter leurs revenus et par ailleurs, on observe une déconnexion de plus en plus forte entre les agriculteurs et les consommateurs finaux». De là, l'intéressée a souhaité recréer du lien autour du partage de savoir-faire.

CocoLodge cible tous les agriculteurs ayant envie de transmettre leur savoir-faire. «Nous nous rendons dans les exploitations agricoles afin de regarder les activités possibles ainsi que les histoires à partager» résume la dirigeante. Parmi les premiers clients, on retrouve un agriculteur de l'Oise, spécialisé dans l'agriculture céréalière, et qui a implanté une tiny house au cœur d'un verger de noisetiers. Dans le Poitou cette fois, on retrouve une agricultrice spécialisée dans la transformation de fromages de chèvres et qui se lance elle dans l'ouverture d'un gîte grâce à CocoLodge. À travers la plateforme, tout un ensemble de services est assuré. «Nous travaillons sur toute la chaîne jusqu'à l'arrivée du voyageur, de la réglementation, aux kits de communication, à la conception de l'offre touristique et à l'outil de gestion des réservations».

CocoLodge a eu recours à l'IA et au marketing digital pour mettre en lumière les exploitations. «L'IA nous aide à créer du contenu et accompagner le plus grand nombre». La plateforme assure des revenus supplémentaires plus ou moins importants selon l'hébergement, à savoir gites classiques, tiny house, cabanes. Accompagnée depuis moins d'un an par Hodéfi, Coralie Tricart voit le réseau comme un véritable tremplin : «C'est énorme en termes de réseau. Nous avons la chance également d'être accompagnés par un mentor avec qui on échange beaucoup, de bénéficier d'une vrai soutien financier avec tout un écosystème, notamment Bpifrance, qui nous permet d'ouvrir de belles portes» conclut la jeune cheffe d'entreprise. Dans le cadre des Hodéfi Awards, CocoLodge a obtenu un prêt de 60 000€.