Timides éclaircies du côté de l'emploi salarié régional
Légère embellie sur les chiffres de l'emploi salarié privé en Hauts-de-France : l'Urssaf Nord Pas-de-Calais vient de publier les résultats de conjoncture économique au 1er trimestre 2023. Si les chiffres ne sont pas mirobolants, ils témoignent tout de même d'un certain dynamisme. L'emploi salarié régional a augmenté de 0,3% après -0,2% au 4ème trimestre 2022.
«Je
n'irais pas jusqu'à dire que les chiffres sont rassurants mais ce
sont tout de même de bons chiffres»
témoigne Laury Ducombs, directeur de l'Urssaf Nord Pas-de-Calais.
Alors que les perspectives économiques restent incertaines, les
Hauts-de-France sont dans la moyenne nationale et remontent doucement
la pente. Sur le territoire national, les effectifs salariés ont
augmenté de 1,7% sur un an ; en région, on observe une hausse de
0,3%. Au 31 mars 2023, la
région dénombre 1 554 396 salariés du privé.
Contrairement
au trimestre précédent qui avait affiché une baisse de -0,2%, ce
premier trimestre 2023 est enfin positif avec +0,3% (+ 4 815 postes)
et 9 945 emplois créés. C'est encore timide mais cela aurait pu
être pire : «On
aurait pu craindre une poursuite de la baisse de l'emploi salarié
avec le contexte économique mais on observe malgré tout une
évolution, même si elle est mesurée»
analyse Laury Ducombs.
L'industrie
poursuit sa croissance
Dans le détail, l'industrie gagne 290 postes avec, parmi les secteurs les plus dynamiques, l'industrie du meuble et la réparation et installation de machines (+0,8%) et les industries agro-alimentaires (+0,2% sur trois mois). Par contre, l'industrie des plastiques et autres produits non minéraux continue de perdre des emplois (-0,7%) et peine à retrouver son niveau d'avant-crise. Du côté de la construction, la décrue se poursuit (-0,2% en un an), impactée par la hausse du coût des matières premières et un secteur du bâtiment bousculé. C'est aussi le cas du commerce qui perd 0,1% d'effectifs.
Signaux
positifs dans l'hébergement et la restauration –
traditionnellement en croissance – avec +0,6% au premier trimestre,
ainsi que pour les services (+0,6%), boostés par l'éducation, les
activités juridiques, de conseil et d'ingénierie ou encore les
arts, spectacles et activités récréatives. Des secteurs sont tout
de même en repli, à l'image des activités financières et
d'assurance (-0,7%), des autres activités scientifiques et
techniques (-2,0%) et de l'administration publique (-0,8%).
Difficultés
de recrutement, carnets de commande en berne peuvent notamment être
à l'origine de ces baisses. Souvent perçu comme le curseur du
dynamisme de l'emploi, l'intérim s'essouffle légèrement (-0,1%),
mais de façon plus limitée qu'au 4ème
trimestre 2022 (-1,9%), signe de bonnes nouvelles.
Sur
l'ensemble de la région, les seules baisses sur les effectifs
salariés privés sont observées sur Roubaix-Tourcoing, Calais et
Saint-Omer ainsi qu'à Creil. Lille (+ 2310 postes), Compiègne
(+610) et Amiens (+570) enregistrent des gains de postes.
Le
Nord, locomotive de l'emploi régional
Sur les trois derniers mois, quasiment tous les départements de la région sont en hausse, sauf celui de l'Aisne (-0,1%). Sans surprise, le Nord est celui qui performe le plus (+0,5%, soit + 4 140 postes). Au 31 mars 2023, le Nord comptait donc 778 460 postes salariés et ces effectifs demeurent supérieurs à leur niveau d'il y a un an, avec une croissance annuelle légèrement supérieure. «Il est clair que le Nord tire les Hauts-de-France vers le haut avec sa densité économique, la dynamique annuelle est positive avec +0,8%» complète Laury Ducombs. Dans le détail, l'industrie et la construction sont globalement stables, les services et l'intérim sont en hausse, seul le commerce et la construction sont en légère baisse. Mais l'inquiétude est de mise sur le département du Pas-de-Calais, avec un intérim en chute de 7,4% (contre 4,4% sur l'ensemble de la région), l'une des baisses les plus importantes depuis 2017-2018.
10
ans d'industrie : une étude conjointe CCI Hauts-de-France et Urssaf
Nord Pas-de-Calais
«Les
Hauts-de-France sont une région avec une importante part de l'emploi
industriel, c'est donc un sujet particulier qui se renouvelle. Cette
monographie est l'occasion de voir la décroissance des emplois d'il
y a 10 ans puis un réinvestissement dans l'industrie depuis le
Covid»
explique Laury Ducombs.
On
compte donc 9 740
établissements industriels à fin 2022 en Hauts-de-France
: 60% sont des entreprises de 1 à 9 salariés – «même
s'il y a eu une baisse du nombre d'établissements en 10 ans, il
reste encore le vivier des petites entreprises qui maillent la
majorité du tissu»
–, 16% de 10 à 19
salariés, 13% de 20 à 49 salariés, 9% de 50 à 249 salariés et
seulement 2% sont des ETI alors qu'ils concentrent pourtant la
majorité des emplois. Des chiffres qui placent les Hauts-de-France à
la 4ème
place des régions industrielles
en nombre de postes salariés, derrière Auvergne-Rhône-Alpes,
l'Ile-de-France et le Grand Est, ce qui était déjà le cas il y a
10 ans. L'industrie régionale représente 9,1% des emplois
industriels français et 18,3% de l'emploi salarié régional, une
part plus importante qu'en France (15,5%).
À
elles seules, les zones d'emploi de Lille et de Valenciennes
concentrent 21% des effectifs salariés industriels, avec de grosses
locomotives à l'image de Toyota sur le Valenciennois. Mais c'est
aussi à Amiens (7 100 postes), Grande-Synthe (6 100) et Arques (6
000) que l'emploi industriel est concentré, notamment avec Good
Year, Valeo, la Cristallerie d'Arques...
Des
pertes plus importantes en région qu'en France
Néanmoins,
alors qu'en 1998, 31% de l'emploi industriel émanait de l'industrie,
ce chiffre est aujourd'hui redescendu à 18%. Dans le détail, les
industries agro-alimentaires sont le premier employeur industriel en
région, même si
depuis 2012, les Hauts-de-France ont perdu plus de 33 000 postes
industriels (-10,9% contre -3,6% en France) : depuis 2020, l'emploi
industriel reprend, boosté par la réindustrialisation et l'envie de
souveraineté économique. «Depuis
trois ans, le secteur est en croissance, avec des salaires plus
élevés qu'ailleurs et des perspectives d'évolution importantes»
; c'est par exemple le cas de la production et distribution
d'électricité, de gaz, de vapeur et d'air conditionné ainsi que de
l'industrie chimique et pharmaceutique.
Un point de vigilance cependant sur la pyramide des âges puisque l'industrie est le secteur où la part des plus de 50 ans est la plus importante et celle des moins de 30 ans, la plus faible : «l'enjeu du renouvellement des salariés est important : il y a un vrai sujet de remplacement des départs à la retraite» abonde le directeur régional.