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Manufacture textile classée EPV en 2019

«C'est la plus belle reconnaissance pour Lemahieu»

La maison Lemahieu, fondée en 1947, basée à Saint-André-lez-Lille, est la dernière bonneterie des Hauts-de-France en «tout intégré». Labellisée entreprise du patrimoine vivant en 2019, elle est spécialisée dans la maille fine avec des matières biosourcées dans l'univers de la lingerie, du sous-vêtement et du vêtement. Nous avons rencontré Martin Breuvart, co-dirigeant.

Martin Breuvart, co-dirigeant de la maison Lemahieu. © Lena Heleta
Martin Breuvart, co-dirigeant de la maison Lemahieu. © Lena Heleta

À la manufacture Lemahieu, chaque pièce de lingerie, sous-vêtement ou vêtement passe entre les mains de dix personnes. Un travail d'orfèvre, qui depuis 1947 respirait le patrimoine vivant. En 2019, soit un an après la reprise de l'entreprise familiale (voir encadré) par Martin Breuvart et Loïc Baert, c'est chose faite ! L'été dernier, les pièces de l'entreprise textile ont même fait un passage remarqué au Palais de l'Élysée pour la grande Exposition du Fabriqué en France. 

«Le patrimoine vivant, c'est un savoir-faire remarquable qui se transmet de génération en génération», estime Martin Breuvart«Donc il y a le côté patrimoine et le côté vivant. Pour moi, c'est la plus belle reconnaissance pour Lemahieu. On a candidaté dès notre arrivée car nous avons tout de suite vu qu'il y avait un savoir-faire remarquable dans l'entreprise, qui est absolument unique car malheureusement il n'y a plus vraiment de manufactures comme la nôtre. Tout a été délocalisé», regrette celui qui est, avec son associé, à la tête d'une équipe de 130 personnes. 

La maison Lemahieu compte quelque 130 collaborateurs. © Lena Heleta


«Cela a vraiment contribué à mettre en valeur les gens qui font, chez nous», continue-t-il«Et lorsque nous avons ouvert nos portes à nos clients et fournisseurs, cela a surtout apporté une fierté du côté des collaborateurs. Ce travail était caché, et quand les bonnetiers et couturières voient nos clients les larmes aux yeux devant la production des produits qu'ils ont dessinés pendant des années, cela valorise ce produit, mais eux également».  

«Confectionner le vêtement le plus propre au monde»

Bureau de style, tricotage, coupe, broderie, confection, finitions… la fabrication est totalement intégrée, le sourcing du lin est local, le coton est biologique et recyclé. Résultat des courses : un vêtement Lemahieu émet au minimum deux fois moins de CO2 que le même type de vêtement fabriqué en Asie. 

Au cœur de sept ateliers, la dernière bonneterie «tout intégré» des Hauts-de-France, qui fabrique 600 000 pièces par an pour un chiffre d'affaires de 5,5 millions d'euros, est portée par une vision : «Confectionner le vêtement le plus propre au Monde et embarquer nos clients sur tout l'intérêt d'une fabrication locale. Notre programme de responsabilité sociétale des entreprises RSE tient en trois engagements : 'être économiquement viables, environnementalement bons et socialement justes'», plaide Martin Breuvart. 

Au cœur de sept ateliers, Lemahieu fabrique 600 000 pièces par an. © Lena Heleta

Lancement de la marque «Maison Lemahieu»

Au niveau du modèle économique, la manufacture fonctionne sur deux axes. «La moitié de notre chiffre d'affaires est réalisé pour des marques externes - Le Slip français, Isabel Marant, 1083, Tuffery, Air France, Jules, Tex, in Extenso... - et l'autre moitié provient de notre marque interne : Achel (les initiales de Henri Lemahieu) et Hekla pour pour la grande distribution». 

Mais la société s'est dernièrement lancée dans un nouveau projet : créer une marque haut de gamme. «Face au marché qui est très compliqué pour le textile, avec une déconsommation, on s'est demandé comment rebondir. Or nous avons nos sites web qui font +40% tous les mois, donc nous nous sommes dit qu'il fallait que l'on accélère en communicant sur une nouvelle marque : Maison Lemahieu était née, baptisée ainsi parce que l'on veut cibler une clientèle premium, créer un produit désirable». Disponible en ligne depuis quelques mois avec un objectif de 30 000 pièces en 2024, la griffe visera ensuite les magasins multi-marques... et l'export

La manufacture Lemahieu a été classée entreprise du patrimoine vivant en 2019. © Lena Heleta

Aux origines, le sous-sol de la maison familiale…

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, Henry Lemahieu, 25 ans, et son épouse, créent leur entreprise à Lambersart. Le père d'Henry, ébéniste, le pousse à se lancer dans le textile car après guerre, toute la France doit se revêtir. Il achète alors ses premiers métiers à tricoter, ainsi que quelques machines de confection. Son atelier de tricotage est installé au fond du jardin et son atelier de confection, dans son sous-sol. Henry Lemahieu lance ses premières fabrications de sous-vêtements 100% made in France. C'est le début de l'aventure. En 1978, leur fille prend la relève… jusqu'à la reprise, en 2018, par Martin Breuvart et Loïc Baert.

L'atelier Lemahieu à ses débuts. © Lemahieu