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Done, le facilitateur qui donne du sens aux invendus

Eviter de jeter les invendus tout en bénéficiant de réductions d'impôts et en créant une boucle circulaire et solidaire : l'idée de Thomas Moreau et de Guillaume Delory, avec Done – anciennement Donnez.org – est de faciliter la tâche aux entreprises en donnant une seconde vie à des objets de toutes sortes.

«Les entreprises cherchent du sens dans leurs dons» explique Thomas Moreau, co-fondateur de Done. © Lena Heleta
«Les entreprises cherchent du sens dans leurs dons» explique Thomas Moreau, co-fondateur de Done. © Lena Heleta

En tant qu'ancien salarié de Decathlon, il avait lui-même vécu cette malheureuse expérience de devoir jeter des produits quasiment neufs à cause de petits défauts qui les rendaient invendables sur le marché. «J'ai convaincu le directeur de donner ces invendus mais la logistique était très chronophage et non encadrée juridiquement» explique Thomas Moreau.

Avec son associé Guillaume Delory, il teste un concept dans un magasin en 2018, pour finalement l'étendre chez Decathlon puis à d'autres enseignes du groupe Mulliez ; au total, plus de 1 000 points de vente à ce jour. Chaque année en France, ce sont plus de 4 milliards d'invendus non alimentaires qui croupissent dans les entrepôts, dont 630 millions qui sont tout simplement... jetés. Autant dire qu'il y a de la marge de progression.

Des avantages fiscaux tout en ayant un impact sociétal

«Une entreprise qui donne ses invendus peut récupérer jusqu'à 60% en crédits d'impôts, ça optimise son bilan mais il y a une méconnaissance des avantages fiscaux. Nous communiquons régulièrement auprès des experts-comptables pour qu'ils parlent de ces règles fiscales à leurs clients, notamment à des périodes clés comme juin ou décembre.»

En 2020, Donnez.org voit le jour avec la mission d'être un facilitateur du don. C'est l'entreprise qui s'occupe de tout : récupérer les invendus, chercher des projets associatifs pertinents, organiser la logistique et l'administratif avec, à la fin de l'année, l'envoi de toutes les informations fiscales. L'essence même de Done – la nouvelle identité de Donnez.org depuis mi-septembre –, c'est de trouver une seconde vie à ces dizaines de millions d'objets invendus (jamais d'alimentaire), en ayant des projets associatifs en face : «Nous ne gérons aucun stock. Notre annuaire associatif de plus de 1 300 associations partout en France, regroupe les besoins géographiques : solidarité, chantiers d'insertion, fablab, établissements publics... On demande à l'entreprise comment elle souhaite que ses produits soient réutilisés. On peut donner n'importe quoi mais pas à n'importe qui. L'impact sociétal est important pour les entreprises : elles ne sont pas dans une démarche de «donner pour donner» mais bien de créer du sens.»

«Chaque don est le bienvenu»

Avant même d'avoir les produits, l'équipe connaît les projets à mettre en face, pour créer de «belles histoires avec des invendus». C'est par exemple le cas de Norauto qui a déstocké une centaine de palettes pour le Secours Populaire ou encore de cartes électroniques pour des chantiers d'insertion... Aujourd'hui l'équipe compte une vingtaine de collaborateurs sur un secteur qui grimpe en flèche puisque la loi AGEC (Anti-Gaspillage et Economie Circulaire) de début 2022 «oblige les producteurs, importateurs et distributeurs, à réemployer, réutiliser ou recycler les produits non alimentaires invendus». 

Done prélève 15% de la valeur du stock cédé : «mais ces frais de service sont aussi défiscalisables, en réalité pour l'entreprise, cela ne représente que 6%, auxquels on ajoute le coût de la logistique. On réfléchit aussi au caractère local et régional des associations pour minimiser l'impact carbone» précise le co-fondateur.

Depuis la création de Done, près de 4 000 missions ont été réalisées, représentant 770 670 produits donnés, pour un chiffre d'affaire en 2023 estimé à 1 M€ et un objectif de 2 M€ en 2024. En Hauts-de-France, Done travaille avec environ 155 entreprises et près de 280 associations.

«Pour l'instant, nous n'avons effleuré qu'1% du marché donc on a encore beaucoup de marge !» explique Thomas Moreau. Si le marché est encore à conquérir en France, Done ne s'interdit pas de s'ouvrir à l'Europe d'ici deux à trois ans et espère convertir 200 entreprises d'ici 2025.