Mémoires de Jean-Jacques Durand, petit-fils du fondateur de la Cristallerie d’Arques
La traversée du XXe siècle d’un verrier
Jean-Jacques Durand, l’un des derniers petit-fils de Georges Durand, fondateur de la Cristallerie d’Arques, met sa vie en mots et parcourt une partie du XXème siècle au fil d’anecdotes. Lecture.
Jean-Jacques, fils de Jacques, fils de Georges, fils de Jules : du milieu du XIXème siècle au début du XXIème siècle, l’histoire de la famille Durand, famille verrière de l'Audomarois, a été ponctuée de bien des événements. Un récit qu'à l'aube de ses 82 ans, Jean-Jacques Durand a souhaité publier*. S’il n’était pas un cancre, Jean-Jacques Durand n’a pas eu le profil de l’élève studieux, sage et obéissant que sa condition aurait pu laisser supposer. Pas toujours à jour de ses leçons, intercepteur de bulletins scolaires, chahuteur en pensionnat… le jeune homme a du caractère.
Après des études de marketing («faire du vent et le vendre»), réformé pour «troubles subjectifs», il se marie, en 1964, avec Agnès Fery dont la famille est proche de la sienne, et commence sa carrière dans l’entreprise familiale. C’est l’époque du développement technique et des innovations : presse à entraînement mécanique, pressage hydraulique, souffle fixe, fusion électrique… VCA gagne de la productivité en continu.
Naissance d’un géant
«Chez Durand, on embauchait une personne par jour en moyenne» dit-on dans l’Audomarois. La croissance de l’entreprise s'accélère et le «paternalisme patronal» historique des grandes familles du Nord-Pas-de-Calais joue à plein : campings sur la Côte d’Opale, clubs de sports, gymnases, formations (avec deux écoles d’enseignement supérieur), médailles en grandes séries, primes en cascades… Le patron propose aussi aux syndicalistes de leur payer des vacances : «un aller-simple pour Moscou» ! Autres temps, autres mœurs.
Informatisation de l’entreprise,
développement des marques et des produits, innovations techniques
récurrentes ouvrent toujours plus d’horizons au géant du verre.
Arc devient le premier verrier dans le monde. Jean-Jacques parcourt le monde en commercial, et empile les anecdotes. Un client anglais qui propose de mettre en gage ses bijoux de famille, finalement en
toc. Au Japon, un accord industriel, conclu en chaussettes, avant
d'aller au bar et rejoindre des geishas...
On voyage aussi en Chine où l’auteur découvre la guerre que fait la ville de Shanghai aux rats qui pullulent... élevés par certains pour faire durer les affaires. Il pique aussi des clients à son rival turc en Turquie, joue au golf en Corée, et évite de devoir manger le sexe d’un mouton lors d’un diner en Arabie Saoudite.
Derrière ses anecdote, file la vie de l’entreprise qui ouvre des usines en Espagne, en Chine, aux États-Unis. L’ouvrage finit, brutalement, sur le projet de la Maison de Pierre (maison d’accueil pour personnes en situation de handicap) concomitant au départ de l’auteur de l’entreprise en 1999. A près de 60 ans, Jean-Jacques Durand vend ses parts de l’entreprise familiale et change de braquet en investissant via une entreprise de capital-développement dans des activités d’hôtellerie et de loisirs : Najeti, (pour les premières syllabes des prénoms de ses enfants). Retour au jeu et à un nouveau surgeon familial.
* Mémoires d’un verrier. D’Arcopal au Cristal d’Arques (Editions Lumières de Lille).