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Rencontre avec Sophie Lemierre-Pupier, dirigeante du cabinet de ressources humaines Sofia

«Les anciens militaires sont des perles pour une entreprise»

Être chef d'entreprise est un engagement du quotidien. Chez Sophie Lemierre-Pupier, ce terme prend tout son sens. Capitaine d'Armée, elle a choisi de mettre son expérience humaine au service de militaires en reconversion professionnelle en montant le cabinet Sofia.

Sophie Lemierre-Pupier a fondé le cabinet de ressources humaines Sofia, en métropole lilloise. ©Victor Mahieu
Sophie Lemierre-Pupier a fondé le cabinet de ressources humaines Sofia, en métropole lilloise. ©Victor Mahieu

Quand on parle de révélation, pour Sophie Lemierre-Pupier, l'armée a surtout été une évidence. Même sans être issue d'une famille de militaires, elle s'est rapidement reconnue dans ces valeurs. «La Journée Défense et Citoyenneté a été pour moi une révélation. Je me suis découverte un côté patriote que je ne pensais pas du tout avoir ! Je me suis d'abord engagée en tant que réserviste dans l'Armée de terre, tout en menant mes études en ressources humaines en parallèle» se rappelle-t-elle. Elle intègre Saint-Cyr et obtient le grade de capitaine, spécialisée dans les ressources humaines. «Mais on reste avant tout militaire donc nous sommes soumis aux mêmes entraînements» précise la dirigeante.

Elle effectue différentes missions au Liban ainsi qu'à La Réunion, pour y organiser sur place les effectifs. En 2022, elle quitte l'armée pour pouvoir mieux gérer sa vie de famille mais sans pour autant quitter le monde des ressources humaines. Arrivée à Lille il y a bientôt un an – pour suivre son mari, lui aussi militaire – Sophie Lemierre-Pupier se dit que c'est le bon moment pour se lancer un nouveau challenge.

20 000 militaires quittent l'Armée chaque année

«Avec mes compétences RH d'un côté, et militaires de l'autre, j'ai la possibilité d'aider les militaires qui veulent retourner dans le civil. Ils sont 20 000 chaque année à quitter l'Armée française». Autant de profils variés – l'Armée compte plus de 400 métiers – mais qui ont parfois du mal à s'insérer dans le civil. «C'est un choc de quitter l'Armée et d'arriver en entreprise. Étrangement, la vie civile ressemble à une jungle pour eux : il n'y a plus de grade ni d'uniforme... Il faut les rassurer. 80% de ces militaires ne savent pas ce qu'ils veulent faire et souvent, ils ont changé de métier tous les deux ans. Ce sont de vraies perles pour les entreprises parce qu'ils savent s'adapter et il ont aussi beaucoup de résilience».

Via son cabinet, Sofia, elle accompagne donc ces profils atypiques sur des ateliers : comment rédiger son CV et traduire ses expériences pour le civil, test de personnalité... Sophie Lemierre-Pupier mise beaucoup sur les softskills. «J'ai des postes pour tout le monde : directeur de site, manager de transition, DRH... dans la logistique comme dans l'industrie ou les services. Les entreprises qui me contactent recherchent le savoir-faire des militaires qui ont l'habitude de travailler dans des conditions difficiles, de changer plusieurs fois de carrière...». Aujourd'hui la majorité de ses clients sont régionaux mais la dirigeante travaille aussi partout en France et même à l'international.

En complément des dispositifs existants à l'Armée

À son actif, près de 70 postes et 200 militaires – dont seulement 4 femmes ! – qu'elle accompagne sur un secteur des RH très confidentiel. «Il y a quelques indépendants mais je n'ai recensé que deux cabinets comme le mien, et je pense être la seule à avoir ces deux casquettes : militaire et RH. Il faut être du milieu pour accompagner le militaire comme il le faut».

Il existe déjà des dispositifs intrinsèques à l'Armée, via des aides à la reconversion. «Il est difficile d'absorber l'ensemble du flux. Je travaille dans une logique de partenariat avec l'Armée, Sofia compense un manque, je ne veux pas du tout prendre la place de ce qui peut déjà exister».

Si elle est aujourd'hui passée dans le civil, Sophie Lemierre-Pupier n'a pour autant pas du tout oublié l'Armée puisqu'une fois par semaine, elle travaille dans la cellule partenariat jeunesse en tant que commandante, où elle œuvre à des opérations de sensibilisation de la jeunesse aux métiers de la défense et à la mémoire. «Je suis avant tout au service du militaire. Évidemment, j'ai envie de faire évoluer mon entreprise mais mon objectif n'est pas du tout capitalistique. Il est social.»