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Entreprise du patrimoine vivant

Les Faiseurs de Bateaux, irréductibles du marais audomarois

Au coeur du marais de Saint-Omer, l'entreprise réalise et restaure des navires traditionnels pour de grandes institutions culturelles et autres professionnels du tourisme. Elle s'est diversifiée pour elle-même proposer des escapades à bord d'embarcations maison, tout droit héritées de l'histoire locale. 


Jérémie Flandrin, gérant des Faiseurs de bateaux. © Lena Heleta
Jérémie Flandrin, gérant des Faiseurs de bateaux. © Lena Heleta

Hortillonnages d'Amiens, douves de Gravelines, parc d'Isles de Saint-Quentin, et même des navires Louis XV et Louis XVI pour le château de Versailles : Les Faiseurs de Bateaux, ramenant à la vie une Histoire audomaroise singulière (voir encadré), réalisent sur-mesure et restaurent des navires traditionnels pour les institutions patrimoniales, les professionnels du tourisme, mais aussi les particuliers. Parmi ces bijoux de bois, l'escute, employé jadis par les maraîchers audomarois pour transporter la famille et les outils, qui se décline en six tailles allant de 4 à 8,5 mètres, son grand frère le bacôve, aujourd’hui bateau à passagers plébiscité pour le tourisme, ou encore le baudequin, qui servait autrefois d’annexe aux péniches du nord et dont le gabarit et l'allure se prêtent désormais à la petite plaisance. Mais à l'atelier s'entreprennent tous types de restaurations plus exotiques, à l'instar du célèbre drakkar... 

«Nous sommes atypiques»

Jérémie Flandrin, gérant, nous relate la (re)naissance de cette société classée entreprise du patrimoine vivant (EPV) depuis 2015. En 2011, soit 14 ans après que son grand-oncle Gérard Colin ait pris sa retraite, Rémy Colin décide de reprendre le flambeau après des études de charpenterie navale. Il reçoit, via un compagnonnage, le savoir-faire de son grand-oncle. «Vincent, le père de Rémy, a ensuite suivi l'aventure. Il est devenu le disciple de son fils !», continue-t-il. «Quelques copains ont rejoint l'équipe, nous sommes désormais six».

Les Faiseurs de bateaux réalisent et restaurent des navires traditionnels. © Lena Heleta

Car le lien humain, ainsi que l'humilité, sont au cœur des Faiseurs de Bateaux. «Nous avons tous grandi dans le marais. Nous sommes atypiques». Les derniers constructeurs d'escutes et de bacôves, à propos de leur labellisation, loin de tout corporatisme - «La cohésion, nous l'avons de base» -, diront simplement leur «fierté de voir le patrimoine local reconnu». «C'est l'Histoire de notre coin», résume Jérémie Flandrin.

Diversification 

À l'issue d'une commande conséquente signée en 2016, la SARL a pu investir et se diversifier. Elle propose désormais des visites guidées du marais de Saint-Omer et ses faubourgs à bord des escutes, la location de barques en bois ou de canoës, ainsi que des visites de l'atelier de construction navale. Depuis 2019, un espace de restauration en plein air a pris ses quartiers quelques pas plus loin. Nous ne pouvons que vous conseiller d'y faire un (dé)tour !

Le marais de Saint-Omer, une histoire vivante

Dès le XIIème siècle, la corporation des Faiseurs de nefs conçoit et construit des bateaux de commerce aux alentours du port de Saint-Omer. Il s'agit des scutes, des cogues et des nefs. Vers 1800, le groupement professionnel abandonne les bateaux commerciaux pour créer les premiers bacôves et escutes. Ces embarcations constituent le seul moyen de déplacement possible dans le marais. Vers la fin du XIXème siècle, ce dernier compte 400 familles maraîchères et une demi douzaine de chantiers navals tournent à plein régime. Cette activité perdurera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. 

Mais en 1950, le nombre de maraîchers décroît en raison des nouvelles techniques d'agriculture et de la concurrence internationale. Le désenclavement du marais achèvera de rendre le bateau obsolète. En 1997, le dernier constructeur local de bateaux, Gérard Colin, prend sa retraite. 14 ans plus tard, son petit-neveu Rémy Colin décide de relancer l'activité, sous le nom des «Faiseurs de Bateaux»...

© Lena Heleta